A cet instant de la réflexion, je suis obligé de parler de ce que j'avais soigneusement omis de mentionner jusqu'à maintenant.
J'ai 21 ans. Je décide, contre l'avis de mes parents, contre l'avis très véhéments de mes grands-parents, de me lancer dans le théâtre : je serai comédien.
4 ans de cours. 4 ans de bonheur et d'insouciance. Premier écueil : le système de sélection avec le conservatoire national : la clé ou pas la clé. Pas la clé. Comme tous les grands concours, il est préférable de le préparer avec le plus grand soin et d'être bien entouré. Comme tous les grands concours, les jeux sont déjà un peu faits ! Ceux qui nagent dans le milieu ont plusieurs longueurs d'avance. Il y a 20 places et plus de 1 000 prétendants.
Qu'à cela ne tienne, j'ai de l'énergie à revendre, je monte une pièce. Je suis confronté à la dure réalité de la communication, du marketing, de l'économie. Je suis en train de jouer à un jeu, dont je ne connais pas les règles. Je pense que l'envie, l'enthousiasme, le talent (?) suffisent. J'enchaîne les succès d'estime. Je commence à mieux comprendre le système et je me lance dans le grand jeu de la recherche de subventions. Je grapille quelques subsides. Mais je ne suis pas assez politique pour l'exercice. Seul m'intéresse l'objet théâtral. Je suis attiré par un ami dans la course à la gloire et la notoriété (je ne me suis pas fait beaucoup prier). L'idée est de se faire remarquer par un producteur, par un diffuseur, par un Puissant... Le parcours est terrible. On y perd son âme et jusqu'à une partie du plaisir de jouer. Il faut plaire à tout prix. Etre le meilleur. Faire les auditions. Tenter de grapiller un passage en télé. S'épuiser littéralement à espérer une main qui n'arrivera jamais. Je me suis égaré. J'ai cédé aux chants des sirènes. J'ai été puni. Trop d'années à m'épuiser. Et le retour est cinglant sous forme de lapalissade : si je n'ai pas réussi, c'est donc que j'ai raté. Le raccourci est vite trouvé : c'est donc que je suis un raté. Balayés les sentiments de fierté pour l'objet créés, balayés les joies du public, balayées les salles hilares, balayé le plaisir de créer, le plaisir de jouer. Il fallait réussir. A tout prix ! Qu'est-ce que réussir ? C'est comme la nouvelle star, tout pareil. Il faut devenir le choisi, celui qui pourra exercer son métier dans de bonnes conditions, être décemment payé et avoir la reconnaissance du public (mais pas nécessairement de ses pairs).
Chercher à atteindre ce graal fait trouver des trésors d'énergie et paradoxalement procure un moteur très puissant pour créer et agir. Mais gare à la chute. Si on n'atteint pas le but envisagé, c'est comme si tous ces efforts étaient anihilés d'un seul coup et quand l'énergie vient à manquer, on se retrouve vidé. Anéanti. Renvoyé au néant. Je ne suis rien. Puisque j'étais ce que je faisais. Et que je n'ai pas atteint ce que je voulais. Et que je n'ai aucune énergie ou envie pour autre chose.
Voilà la grande perversité de ce système, le piège dans lequel je suis tombé. Tout est affaire, encore une fois, de la manière dont on se positionne.
Aujourd'hui, certes les réservoirs sont vides, mais je pense qu'en me repositionnant, je peux espérér retrouver de l'envie.
L'idée est de partir du plaisir de faire. Uniquement ça. J'ai été dans ce bonheur de faire. Quand je n'avais pas de prétention. Ce n'est pas un bonheur au rabais. Ce n'est pas dégradant. Je peux "réussir" à la hauteur de la fierté que j'éprouve face à la qualité de l'objet créé, que j'estime avoir atteinte.
Je creuse cette idée depuis quelques mois. Et mon pire ennemi, celui qui revient sans cesse est le sentiment d'échec. Si je le laisse gagner, je suis foutu ! C'est lui qui bloque l'envie. Le fameux : "A quoi bon ?", "de toutes façons, j'ai tout raté !" Mélange d'orgueil et d'attitude infantile.
Le combat n'est pas gagné. Je ne dois pas le perdre de vue !
J'ai 21 ans. Je décide, contre l'avis de mes parents, contre l'avis très véhéments de mes grands-parents, de me lancer dans le théâtre : je serai comédien.
4 ans de cours. 4 ans de bonheur et d'insouciance. Premier écueil : le système de sélection avec le conservatoire national : la clé ou pas la clé. Pas la clé. Comme tous les grands concours, il est préférable de le préparer avec le plus grand soin et d'être bien entouré. Comme tous les grands concours, les jeux sont déjà un peu faits ! Ceux qui nagent dans le milieu ont plusieurs longueurs d'avance. Il y a 20 places et plus de 1 000 prétendants.
Qu'à cela ne tienne, j'ai de l'énergie à revendre, je monte une pièce. Je suis confronté à la dure réalité de la communication, du marketing, de l'économie. Je suis en train de jouer à un jeu, dont je ne connais pas les règles. Je pense que l'envie, l'enthousiasme, le talent (?) suffisent. J'enchaîne les succès d'estime. Je commence à mieux comprendre le système et je me lance dans le grand jeu de la recherche de subventions. Je grapille quelques subsides. Mais je ne suis pas assez politique pour l'exercice. Seul m'intéresse l'objet théâtral. Je suis attiré par un ami dans la course à la gloire et la notoriété (je ne me suis pas fait beaucoup prier). L'idée est de se faire remarquer par un producteur, par un diffuseur, par un Puissant... Le parcours est terrible. On y perd son âme et jusqu'à une partie du plaisir de jouer. Il faut plaire à tout prix. Etre le meilleur. Faire les auditions. Tenter de grapiller un passage en télé. S'épuiser littéralement à espérer une main qui n'arrivera jamais. Je me suis égaré. J'ai cédé aux chants des sirènes. J'ai été puni. Trop d'années à m'épuiser. Et le retour est cinglant sous forme de lapalissade : si je n'ai pas réussi, c'est donc que j'ai raté. Le raccourci est vite trouvé : c'est donc que je suis un raté. Balayés les sentiments de fierté pour l'objet créés, balayés les joies du public, balayées les salles hilares, balayé le plaisir de créer, le plaisir de jouer. Il fallait réussir. A tout prix ! Qu'est-ce que réussir ? C'est comme la nouvelle star, tout pareil. Il faut devenir le choisi, celui qui pourra exercer son métier dans de bonnes conditions, être décemment payé et avoir la reconnaissance du public (mais pas nécessairement de ses pairs).
Chercher à atteindre ce graal fait trouver des trésors d'énergie et paradoxalement procure un moteur très puissant pour créer et agir. Mais gare à la chute. Si on n'atteint pas le but envisagé, c'est comme si tous ces efforts étaient anihilés d'un seul coup et quand l'énergie vient à manquer, on se retrouve vidé. Anéanti. Renvoyé au néant. Je ne suis rien. Puisque j'étais ce que je faisais. Et que je n'ai pas atteint ce que je voulais. Et que je n'ai aucune énergie ou envie pour autre chose.
Voilà la grande perversité de ce système, le piège dans lequel je suis tombé. Tout est affaire, encore une fois, de la manière dont on se positionne.
Aujourd'hui, certes les réservoirs sont vides, mais je pense qu'en me repositionnant, je peux espérér retrouver de l'envie.
L'idée est de partir du plaisir de faire. Uniquement ça. J'ai été dans ce bonheur de faire. Quand je n'avais pas de prétention. Ce n'est pas un bonheur au rabais. Ce n'est pas dégradant. Je peux "réussir" à la hauteur de la fierté que j'éprouve face à la qualité de l'objet créé, que j'estime avoir atteinte.
Je creuse cette idée depuis quelques mois. Et mon pire ennemi, celui qui revient sans cesse est le sentiment d'échec. Si je le laisse gagner, je suis foutu ! C'est lui qui bloque l'envie. Le fameux : "A quoi bon ?", "de toutes façons, j'ai tout raté !" Mélange d'orgueil et d'attitude infantile.
Le combat n'est pas gagné. Je ne dois pas le perdre de vue !
1 commentaire:
Coucou! Ton pire ennemi, est-ce vraiment l'échec, ou toujours les sirènes de la gloire et leur représentant dans ta vie? question peut-être idiote...
des bises et à très vite!
(petite soirée de blogueurs ce soir?)
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