Peur de manquer. Peur de ne pas subvenir aux besoins de mes filles.
Culpabilité vis-à-vis d'elles. Peur du scénario catastrophe. Et fascination aussi par rapport à ce scénario. Manière de lâcher vraiment.
Allons jusqu'au bout. Je laisse "aller". Je ne fais rien. Mes enfants sont récupérés par leur mère. J'ai un endroit où loger. Je peux même intégrer une communauté. Je ne suis pas obligé de vivre l'horreur SDF.
Je ne vois presque plus mes filles. C'est socialement grave. Pour moi ? Je ne sais pas. Je n'arrive plus à distinguer le social de ce que je ressens vraiment. Je ressens ce que je me dis que je dois ressentir en pareille circonstance.
Est-ce intéressant surtout ?
Se pose la question du "faire". Qu'est-ce que je veux faire de ma vie ? Est-ce que j'ai envie de faire quelque chose de ma vie ?
Plutôt non. Jusqu'ici, j'ai répondu à des impératifs sociaux et familiaux. Aujourd'hui, ces impératifs ne me touchent plus guère. Je suis uniquement touché par la nécessité et par l'idée que peut-être je peux faire souffrir mes enfants. Qui n'est pour l'instant qu'une idée. Mais est-ce que profondément elles ne souffrent pas davantage de vivre une semaine sur deux avec un père sans goût de vivre ?
Je m'approche de ce feu sans doute à dessein. J'ai peut-être besoin de tomber comme Icare.
Je sais que j'ai toute une batterie de moyens, même de l'ordre de l'assistanat, qui sont là pour m'empêcher de "tomber" justement. Mais ce qui m'intéresse, c'est pourquoi je me suis approché si près de cette idée.
Se repose la question du "faire". Qu'est-ce qui donnerait sens ?
La tentation la plus grande encore une fois est d'arrêter de faire. Il semble que cette option ne m'amène pas de contentement, bien au contraire. A moins d'avoir la force mentale de l'ermite et de trouver un sens dans la méditation. Il semble que ce ne soit pas mon cas.
Je pourrais me lancer dans toutes les activités qui pourraient satisfaire mon égo et mon compte en banque. Mais l'égo commence à s'en foutre grave. L'égo s'estompe, jusqu'à, je l'espère, finir par disparaître. L'argent n'est pas un moteur suffisant. Même si je conçois que c'est un moteur plus intéressant que l'égo. En tout cas, il n'est pas assez puissant pour me pousser à l'action.
Reste le domaine de l'altruisme.
Aïe ! Je suis assez vigilant pour m'apercevoir justement de tous les pièges de l'égo dans cette exercice. Et puis, il y a ces maximes terribles : le mieux est l'ennemi du bien. L'enfer est pavé de bonnes intentions.
La meilleures action possible reste l'action simple : agir pour survivre et vivre ensemble.
Je ne veux pas pour autant travailler. Je veux bien cultiver mon jardin en revanche. Et jouer aux cartes. Je veux bien aller cueillir les fruits de la nature et chanter. Je veux bien pêcher et danser autour du feu. Je veux bien construire une maison et faire des peintures ou des sculptures.
Sans jamais rien attendre. Pour le plaisir.
Voilà sans doute ce que je souhaite réellement. Sans doute. Je me méfie de mes constructions mentales.
Voilà ce que notre société ne nous permet pas. A moins de se couper du monde et de rejoindre une communauté ou d'en créer une.
Mais je n'aime pas l'extrémisme de ces communautés. J'aime aussi profiter du progrès. Même si je n'aime pas les moyens utilisés pour y parvenir.
Conclusion : je suis dans la merde.
En attendant ce jour (comme dirait Zongra), quelles solutions s'offrent à moi pour ne pas plonger dans la mélasse du désespoir (comme penserait Stig Dagerman) ?
Si je travaille correctement, si je me renseigne convenablement, si je ne pars pas bille en tête en pensant avoir raison (comme ça m'est arrivé trop souvent), si donc, je ne me laisse pas gagner par l'arrogance, je peux peut-être essayer de soulager un tout petit peu, à ma manière, grâce à ce que j'ai reçu, quelques souffrances. Cela aurait sans doute un peu de sens. Si je sens que mon action est bonne et sincère. Si je sens que j'apporte un réel soulagement.
Je peux agir (en continuant à apprendre et en essayant de transmettre) sans que mon action m'apparaisse vaine. Et ne pas attendre d'être "vraiment prêt" pour le faire, car je ne serai jamais "vraiment prêt" ; et puis j'apprends en faisant.
Je dois repenser à cette parabole lue quelque part :
un homme se promène sur une plage où des millions d'étoiles de mer sont en train de crever au soleil ; à chaque pas, il en rejette une à la mer. Un autre homme arrive et lui dit : "A quoi bon ? elles sont trop nombreuses, ça ne représente aucun intérêt. Le premier, tout en lançant une nouvelle étoile à la mer lui répond : "pour celle-ci, ça a de l'intérêt."
Culpabilité vis-à-vis d'elles. Peur du scénario catastrophe. Et fascination aussi par rapport à ce scénario. Manière de lâcher vraiment.
Allons jusqu'au bout. Je laisse "aller". Je ne fais rien. Mes enfants sont récupérés par leur mère. J'ai un endroit où loger. Je peux même intégrer une communauté. Je ne suis pas obligé de vivre l'horreur SDF.
Je ne vois presque plus mes filles. C'est socialement grave. Pour moi ? Je ne sais pas. Je n'arrive plus à distinguer le social de ce que je ressens vraiment. Je ressens ce que je me dis que je dois ressentir en pareille circonstance.
Est-ce intéressant surtout ?
Se pose la question du "faire". Qu'est-ce que je veux faire de ma vie ? Est-ce que j'ai envie de faire quelque chose de ma vie ?
Plutôt non. Jusqu'ici, j'ai répondu à des impératifs sociaux et familiaux. Aujourd'hui, ces impératifs ne me touchent plus guère. Je suis uniquement touché par la nécessité et par l'idée que peut-être je peux faire souffrir mes enfants. Qui n'est pour l'instant qu'une idée. Mais est-ce que profondément elles ne souffrent pas davantage de vivre une semaine sur deux avec un père sans goût de vivre ?
Je m'approche de ce feu sans doute à dessein. J'ai peut-être besoin de tomber comme Icare.
Je sais que j'ai toute une batterie de moyens, même de l'ordre de l'assistanat, qui sont là pour m'empêcher de "tomber" justement. Mais ce qui m'intéresse, c'est pourquoi je me suis approché si près de cette idée.
Se repose la question du "faire". Qu'est-ce qui donnerait sens ?
La tentation la plus grande encore une fois est d'arrêter de faire. Il semble que cette option ne m'amène pas de contentement, bien au contraire. A moins d'avoir la force mentale de l'ermite et de trouver un sens dans la méditation. Il semble que ce ne soit pas mon cas.
Je pourrais me lancer dans toutes les activités qui pourraient satisfaire mon égo et mon compte en banque. Mais l'égo commence à s'en foutre grave. L'égo s'estompe, jusqu'à, je l'espère, finir par disparaître. L'argent n'est pas un moteur suffisant. Même si je conçois que c'est un moteur plus intéressant que l'égo. En tout cas, il n'est pas assez puissant pour me pousser à l'action.
Reste le domaine de l'altruisme.
Aïe ! Je suis assez vigilant pour m'apercevoir justement de tous les pièges de l'égo dans cette exercice. Et puis, il y a ces maximes terribles : le mieux est l'ennemi du bien. L'enfer est pavé de bonnes intentions.
La meilleures action possible reste l'action simple : agir pour survivre et vivre ensemble.
Je ne veux pas pour autant travailler. Je veux bien cultiver mon jardin en revanche. Et jouer aux cartes. Je veux bien aller cueillir les fruits de la nature et chanter. Je veux bien pêcher et danser autour du feu. Je veux bien construire une maison et faire des peintures ou des sculptures.
Sans jamais rien attendre. Pour le plaisir.
Voilà sans doute ce que je souhaite réellement. Sans doute. Je me méfie de mes constructions mentales.
Voilà ce que notre société ne nous permet pas. A moins de se couper du monde et de rejoindre une communauté ou d'en créer une.
Mais je n'aime pas l'extrémisme de ces communautés. J'aime aussi profiter du progrès. Même si je n'aime pas les moyens utilisés pour y parvenir.
Conclusion : je suis dans la merde.
En attendant ce jour (comme dirait Zongra), quelles solutions s'offrent à moi pour ne pas plonger dans la mélasse du désespoir (comme penserait Stig Dagerman) ?
Si je travaille correctement, si je me renseigne convenablement, si je ne pars pas bille en tête en pensant avoir raison (comme ça m'est arrivé trop souvent), si donc, je ne me laisse pas gagner par l'arrogance, je peux peut-être essayer de soulager un tout petit peu, à ma manière, grâce à ce que j'ai reçu, quelques souffrances. Cela aurait sans doute un peu de sens. Si je sens que mon action est bonne et sincère. Si je sens que j'apporte un réel soulagement.
Je peux agir (en continuant à apprendre et en essayant de transmettre) sans que mon action m'apparaisse vaine. Et ne pas attendre d'être "vraiment prêt" pour le faire, car je ne serai jamais "vraiment prêt" ; et puis j'apprends en faisant.
Je dois repenser à cette parabole lue quelque part :
un homme se promène sur une plage où des millions d'étoiles de mer sont en train de crever au soleil ; à chaque pas, il en rejette une à la mer. Un autre homme arrive et lui dit : "A quoi bon ? elles sont trop nombreuses, ça ne représente aucun intérêt. Le premier, tout en lançant une nouvelle étoile à la mer lui répond : "pour celle-ci, ça a de l'intérêt."
2 commentaires:
jolie parabole...
Madame Culpabilité est le boulet le + lourd que l'humainté (enfin, presque) ait eu à porter. On se la traîne de générations en générations, on se l'emporte comme un sac-à-dos qui se remplit d'années en années... Elle nous empêche d'oser, d'essayer, d'avancer, et même de reculer, parce qu'on nous l'avait bien dt, parce qu'on se l'était bien dit. Se tromper prouve qu'au moins on a essayé ? Je comprends vos doutes et vos craintes pour les avoir récemment pris en pleine figure, et ça fait mal, mais on peut s'en relever. Amitiés
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