samedi 30 août 2014
A l'arrêt
Alors voilà, on se trouve dans la mélasse, ça glisse, ça flippe, ça fout les jetons, le jour est devant, au milieu, il m'entoure le chien, il faudrait faire quelque chose, être avec les autres, être dans le tourbillon, cesser de ne rien faire, en tout cas, y croire, faire semblant d'y croire, avoir de grands projets. Regarder les nuages bouger, ça ne suffit pas, ce n'est pas un métier. Je ne sais pas, moi, tu ne veux pas gagner de l'argent, t'enrichir, c'est bien ça, tu pourras aller aux putes autant que tu veux. Ou bien, faire du sport. Courir pendant des heures ; bien choisir tes baskets, celles-ci sont bien, tu vois parce que patati, patata, et tu as quelque chose à dire. Pendant les repas. Ou bien , faire de la politique. Dans la télé, ils ont l'air de croire à ce qu'ils disent, on sent que c'est drôlement important, l'avenir du pays, le cours de l'histoire, cette réforme, c'est d'utilité publique, quand tu commences à dire ça : c'est d'utilité publique, tu sais pourquoi tu te lèves, c'est quand même vachement cool. La famille, ça marche aussi, parce que tu as peur pour tes enfants, et la peur ça maintient en vie. Le mieux c'est faire un enfant, tu fais un enfant, t'es sauvé. T'es obligé, t'es coincé, sauf si tu te sauves. Mais si tu te sauves pas, le gosse il te laissera pas en repos. Si tu fais rien pour lui, il meurt. ça occupe, c'est cool. SDF, c'est pas mal non plus, il faut survivre, ça aussi ça occupe. Quand t'as un salaire, tu peux payer ton loyer et tout le reste, tu te retrouves comme un con, alors que le SDF lui, chaque jour, s'il ne trouve pas un endroit où dormir, de quoi bouffer, de quoi boire, il est mal, ça le booste le gars, c'est une petite entreprise à lui tout seul. 14H04. Il reste au moins 10 heures avant que je ne me couche. 10 heures, putain, c'est salaud ! Qu'est-ce que je vais en faire moi de ces dix heures. Gardez-les vos 10 heures. Moi je ne sais pas quoi en faire. Si, bien sûr, je pourrai ranger mon appartement, travailler, écrire, voir des amis, aller au cinéma ou au hammam, commencer un grand projet, appeler ma mère, répondre à mes mails. Mais j'ai pas envie. J'aimerais bien regarder mon orchidée pousser, mais elle fait ça tellement lentement que je n'ai pas la patience. Il reste les nuages. Ils ne sont pas très bien dessinés mais ils bougent un peu. De toutes façons, le temps passera, pour ça, rien ne l'arrête. Tu peux négocier tout ce que tu veux, lui, il trace sa route, imperturbable. Que ça te chante ou non. Il faudrait être mort éventuellement. Et encore. Je peux observer ça, comment le temps fait pour passer, alors que je ne le remplis pas. Je ne sais pas si c'est marrant, mais c'est intriguant. Repartir ? Oui. C'est une idée. Le voyage, c'est un moyen de se perdre sans trop s'en rendre compte. Parce que tu bouges. Et qu'il fait chaud. Et que tu tombes un peu malade. Parfois tu parles à un voyageur et vous vous comprenez. Vous buvez des coups. Et quand t'as de la chance, tu baises un peu. Et c'est beau, parce que c'est loin. Parce que vous ne vous reverrez pas. Parce qu'elle ne parlait pas la même langue. A la fin, tu pourris quand même. A la fin, ne t'inquiète pas, tu seras délivré, je te le promets.
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