lundi 2 mars 2009

séance 2

- Je ne sais pas qui est ma mère ?
- qu'est-ce que tu dirais en premier.
- Une femme qui traite mal mon père. Mon père rouspète.
Mon instinct de justice se réveille. Je ne dis rien...ou presque. Parce que je l'aime. Donc je l'excuse. Serais-je complice ? Merde.
- Qu'est-ce que tu dirais si tu t'exprimais vraiment ?
- pourquoi tu le traites comme ça ? Devant témoins en plus. C'est très humiliant.
- Tu aimerais que ton père réagisse.
- A un point que tu n'imagines pas.
- Tu aimerais réagir à sa place ?
- J'adorerais.
- Qu'est-ce que tu dirais ?
- Ferme ta gueule sale pute !
- Plus sérieusement ?
- Je t'emmerde. Va te faire foutre !
- Ces scènes où ton père se fait humilier par ta mère sont désagréables.
- Extrêmement. D'autant qu'elle s'arrange toujours pour essayer de convaincre qu'elle a raison de le traiter ainsi. Que si il avait fait plus attention, que s'il était plus ça et moins ça, elle ne serait pas obligée, que pourtant ce n'est pas faute de lui avoir répété...mais c'est toujours de la rhétorique pour cacher la forêt : de la maltraitance pure et simple.
- Tu es en colère contre quoi et qui ?
- Je suis en colère contre ma mère de se conduire ainsi. En colère contre mon père de ne pas réagir. En colère contre moi de n'avoir pas su intervenir depuis que je suis tout petit pour empêcher ça.
- Est-ce que c'est à toi de le faire ?
- Non, je sais bien que non, mais ça veut dire "se désolidariser".
- Pourquoi pas.
- Je ne sais même plus si je les aime. Je veux dire : j'aime ma mère, mais c'est un amour bizarre, tout tordu. Et mon père je le méprise. Ce n'est pas de me dire que je les aime, comme je le fais depuis toujours, qui va me faire les aimer réellement.
- Est-ce que tu peux leur pardonner ?
- Je ne sais pas. Déjà, j'accepte l'idée absolument transgressive que peut-être je ne les aime pas autant que je le devrais.
- Ou peut-être les aimes-tu trop ?
- Ma mère, c'est carrément incestuelle. Donc tout pourri. En se confiant à moi, en me donnant le rôle qu'aurait dû occuper mon père, elle m'a persuadé que je devais la sauver de ce mari "pas à la hauteur" et détruit l'image du père. Si ça, ça pue pas !
Et mon père, j'ai cherché son approbation (son amour), mais ça, on est nombreux dans ce cas-là ! Et en même temps, je l'ai souvent méprisé et j'ai souvent abondé dans le sens de ma mère (qui fait un travail de sape régulier avec ses insinuations perfides).
Je soupçonne d'ailleurs de plus en plus sérieusement ma mère de faire partie de la dangereuse famille des manipulateurs (révélation impossible évidemment...)
- Qu'envisages-tu sérieusement ?
- Prendre davantage de distances avec ma mère. Défusionner (pas dans le dico mais pratique comme mot !) Me protéger. Cesser d'imaginer qu'une mère fait nécessairement du bien à son enfant consciemment ou inconsciemment. ça paraît évident mais quand c'est ta propre mère, ça l'est moins.
- Tu n'es pas en train de délirer ?
- Je ne crois pas. Trop de signaux. Même si la plupart du temps je ne veux pas voir. Trop douloureux. Il va sans doute falloir que je fasse un effort de mémoire. Moi qui oublie tout...
- Fais attention aux schémas plaqués et aux interprétations hâtives.
- Je sais. Pour l'instant, il y a beaucoup d'intuitif, de ressenti. Mais je suis prêt à remuer la merde. De toutes façons, je n'ai pas le choix. ça risque de puer mais au moins ce sera pour les bonnes raisons.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Tout de même ça devient agaçant tous ces points communs. Je prends le risque de me répéter une deuxième fois. Même si tu as des gens auxquels tu peux parler, la seule chose qui m'aie fait du bien vraiment un jour, quand j'ai été prête, et bout de 15 ans de réflexion comme tu le fais, c'est une psy qui a entendu l'enfant que j'étais et qui m'a dit : oui, c'était difficile, non, la situation n'est pas normale. Si tu trouves un psy avec lequel tu te sens bien, je t'assure, c'est totalement différent que de discuter, même avec ceux qu'on aime. Bon courage sur ton chemin, je pense que tu n'es pas très loin si tu as envie de congner le pied au fond pour remonter.

palim a dit…

je viens de découvrir ton message. Je ne savais pas que tu venais encore me lire. Merci pour ton écoute. Tu as peut-être raison. Je me méfie de ce dialogue avec un psy...qui pourrait m'amener, via le principe intellectuel, à tricher. J'ai fait un travail très bien avec une kinésiologue qui agit, en gros, sur la mémoire du corps (qui lui ne triche pas !) mais, pour l'instant je n'ai pas les moyens de continuer. Je vais ré-envisager l'alternative psy...