dimanche 18 janvier 2009

To be or not to be happy

Qu'est-ce qu'être heureux ? L'encre n'a cessé de couler sur la question et coule encore.
Au-delà de la philosophie que je ne connais pas assez pour m'exprimer, il y a la psychologie (que je ne connais pas davantage mais je me permets d'y faire allusion sans creuser).
Le malheur d'une vie semble être au-delà d'une posture de vie mais lié à un blocage.
Je suis empêché. Je suis bloqué. Je n'avance pas. Chacun de mes pas me fait buter contre ce mur et le mur n'avance pas. L'illusion de me déplacer renforce la douleur.
Question : puis-je, malgré ma débauche d'efforts, être heureux, si le Poids reste là, si la névrose transmise en intraveineuse par mes parents n'a pas disparu ?
Constat : celui-là est heureux sans efforts, sans y penser. Celui-ci, malgré ses gesticulations, souffre mille morts. Chemin tracé. Nous en suivons la piste sanglante en gueulant. Légèreté de l'ange. Beauté du bonheur facile et donné.
La vie semble bien injuste dans cette distribution aléatoire.
Quelques rescapés, de ceux qui auront passé leur temps et dépensé leur argent à SE parler, à Trouver, décaper, SE libérer. Grâce à d'autres thérapies aussi : par le corps, par l'hypnose, par la renaissance.
Des libérations. Des cordons tranchés. Et des Cris. Et des bras, des jambes qui bougent enfin !

Et chaque individu travaille, se débat dans sa propre vie, pour acquérir ce fameux bonheur : le bien-être. L'évidence. Beaucoup ont parlé de l'Ici et Maintenant.
Oui, si les blocages ont disparu. Alors le flux repart. Il n'est peut-être pas donné à chacun de connaître ce sentiment. Certains l'ont compris. Parmi eux, quelques-uns vont s'habiller de ce malheureux destin, s'en fabriquer une identité mystérieuse, souffrante et créatrice d'empathie ; d'autres, hébétés, chercheront, toute leur vie durant, le moyen, la clé, la solution, s'y épuiseront comme une vague sur du béton.
Bien sûr, le bonheur, comme le malheur est alternance de moments heureux et malheureux. Mais, comme pour les élections, une tendance se dessine pour chacun (et ce, bien souvent, malgré les évènements de vie). On va dire que quelqu'un est plus ou moins doué pour le bonheur.

Et puis il y a la société dans laquelle nous vivons. On ne peut plus se le cacher. Le mode de vie, la culture, les valeurs de la société sont porteuses de bonheur ou de malheur. Et ici, on rejoint l'idée de philosophie de vie. Le Tao s'est bien exprimé là-dessus. Mais la vie moderne ne nous permet pas ou peu de l'exprimer. Les valeurs de la société du Travail ne contribuent pas à un monde heureux. Chaque individu va trouver son bonheur, quand il le peut, en opposition avec les valeurs véhiculés par le monde du Travail.

Les expressions du Bonheur (extraits piochés sur des forums ici et là)
-manger du nutella le soir en rentrant des cours (ça remonte trop le moral!)
-etre reveillé en pleine nuit par le sms d'une personne qu'on aime.
- rester 3 plombes le matin sous une douche bien chaude.
-me faire masser
- rentrer de la fac crevée, s'affaler sur le canapé devant la télé et deguster une bonne patisserie. (gourmande xD)
- s'asseoir dans un banc, refaire le monde avec son chéri, ecouter les eclats de rire de ces ptits enfants qui respirent l'insouciance.
-voir les resultats dans le tableau d'affichage de la fac, chercher son nom avec bcp d'apprehension et la le visage qui s'illumine quand on voit "ADMISE" lol
-entendre involontairement quelqu'un dire du bien de nous.
-se coucher le soir, en se disant que la vie est belle malgres tout quand nos proches sont près de nous, en bonne santé..
-offrir un beau cadeau a une personne que l'on aime et attendre impatiamment sa reaction
voir les gens heureux me rend heureuse surtout mes proches
- avoir dse nouvelles des personnes que j'aime
- être au bord de la mer à contempler un levé ou coucher de soleil
- faire des choses simples que je ne fais plus ici
- discuter pendant des heures avec ma famille (ma mère, mes frères et mon père) qui est loin de moi

- fondre en larmes dans les bras de ma mère qui a tjs les bons mots pour réconforter et soulager, du coup je me sens protégée... rien ne m'atteint

- rentrer au pays après quelques mois d'absence et de "tamarra"

- manger une bonne crepe au chocolat bien chaude ou une glace

- m'endormir pendant le bain avec l'eau qui caresse le corps et l'odeur des huiles parfumées

- admirer le ciel étoilé, le coucher du soleil et les beaux paysages...
un sourire,une fleur,un regard,un mot, une photo,un bonjour,un paysage,une bonne nouvelle,une guérison,une envie,un espoir,un avenir,un jardin,une couleur, la chaleur

L'odeur d'une bonne tarte au four, l'odeur du café qui coule, mon mari qui me dit "mon coeur tu veux un ti café?" ....

être avec mes enfants, les voir évoluer
* passer une journée à la campagne
* déguster un bon plat
* réussir une photo, un dessin, un tableau
* être dans la mer
* faire plaisr à qq'un ...

pour moi, c de me lever le matin, avec le sourire, mes enfants, mon mari...
et parfois, me retrouver seule... et etre bien avec moi meme
le soleil qd on leve le volet le matin, le sourire et la bonne humeur des autres...

manger une bonne tablette de chocolat sans culpabiliser(tres rares moments!!) , passer un apres midi avec mes amies , les courts moments ou je suis avec mon copain , voir ma famille reunie , et ...consulter mon compte en debut de mois kan la paye est virée :D

dèjà s'il y a du soleil quand je me lève ..c'est le bonheur..ensuite , quand mon fils me telephone..avoir des amis qui viennent diner chez moi...aller diner chez des amis ...parler et ecouter quequ'un dans la rue qui a envie de parler

Voilà je ne vais pas faire de liste exhaustive. De toutes façons, on retrouvera toujours la même chose : en gros, des trucs qui tournent autour de l'amour, le plaisir gourmand, le plaisir d'échanger, le plaisir de contempler la nature...(Il y a d'ailleurs un livre assez intéressant de Daniel Chabot : la magie du plaisir, sur la notion de plaisirologie).
Du gratuit, de l'inutile en somme...

A present, quelques citations et textes autour du travail :

« Il n'est pas d'individu plus fatalement malavisé que celui qui consume la plus grande partie de sa vie à la gagner. »
Henry D. THOREAU : La vie sans principes.

« Le propre du travail, c’est d’être forcé »
ALAIN

« Rien ne sert d’être vivant, s’il faut que l’on travaille. »
André BRETON

« L’esclavage humain a atteint son point culminant à notre époque sous forme de travail librement salarié. »
George BERNARD SHAW

« La vie n’est pas le travail : travailler sans cesse rend fou. »
Charles DE GAULLE

« L'Homme est un être de désir. Le travail ne peut qu'assouvir des besoins. Rares sont les privilégiés qui réussissent à satisfaire les seconds en répondant au premier. Ceux-là ne travaillent jamais. »
Henri LABORIT : Éloge de la fuite.

« Le travail est probablement ce qu'il y a sur cette terre de plus bas et de plus ignoble. Il n'est pas possible de regarder un travailleur sans maudire ce qui a fait que cet homme travaille, alors qu'il pourrait nager, dormir dans l'herbe ou simplement lire ou faire l'amour avec sa femme. »

Boris VIAN

« Les économistes s'en vont répéter aux ouvriers : travaillez pour augmenter la richesse nationale ! Et cependant un économiste, Destutt de Tracy, répond : les nations pauvres, c'est là où le peuple est à son aise ; les nations riches, c'est là où il est ordinairement pauvre. Mais assourdis et idiotisés par leur propres hurlements, les économistes de répondre : travaillez, travaillez toujours pour créer votre bien-être ! Travaillez pour que, devenant plus pauvres, vous ayez plus de raisons de travailler et d'être misérables. »
Paul LAFARGUE : Le Droit à la paresse

« Dans la glorification du "travail", dans les infatigables discours sur la "bénédiction du travail", je vois la même arrière-pensée que dans les louanges des actes impersonnels et conformes à l'intérêt général : la crainte de tout ce qui est individuel. On se rend maintenant très bien compte, à l'aspect du travail — c'est-à-dire de ce dur labeur du matin au soir — que c'est là la meilleure police, qu'elle tient chacun en bride et qu'elle s'entend vigoureusement à entraver le développement de la raison, des désirs, du goût de l'indépendance. Car le travail use la force nerveuse dans des proportions extraordinaires, et la soustrait à la réflexion, à la méditation, aux rêves, aux soucis, à l'amour et à la haine, il place toujours devant les yeux un but minime et accorde des satisfactions faciles et régulières. Ainsi une société, où l'on travaille sans cesse durement, jouira d'une plus grande sécurité : et c'est la sécurité que l'on adore maintenant comme divinité suprême. »
Friedrich NIETZSCHE : Aurore

« Les pauvres croient [...] que le travail ennoblit, libère. La noblesse d'un mineur au fond de son puits, d'un mitron dans la boulangerie ou d'un terrassier dans une tranchée, les frappe d'admiration, les séduit. On leur a tant répété que l'outil est sacré qu'on a fini par les en convaincre. Le plus beau geste de l'homme est celui qui soulève un fardeau, agite un instrument, pensent-ils. "Moi, je travaille", déclarent-ils, avec une fierté douloureuse et lamentable. La qualité de bête de somme semble, à leurs yeux, rapprocher de l'idéal humain. Il ne faudrait pas aller leur dire que le travail n'ennoblit pas et ne libère point ; que l'être qui s'étiquette Travailleur restreint, par ce fait même, ses facultés et ses aspirations d'homme ; que, pour punir les voleurs et autres malfaiteurs et les forcer à rentrer en eux-mêmes, on les condamne au travail, on fait d'eux des ouvriers. Ils refuseraient de vous croire. Il y a, surtout, une conviction qui leur est chère, c'est que le travail, tel qu'il existe, est absolument nécessaire. On n'imagine pas une pareille sottise. La plus grande partie du labeur actuel est complètement inutile. Par suite de l'absence totale de solidarité dans les relations humaines, par suite de l'application générale de la doctrine imbécile qui prétend que la concurrence est féconde, les nouveaux moyens d'action que des découvertes quotidiennes placent au service de l'humanité sont dédaignés, oubliés. La concurrence est stérile, restreint l'esprit d'initiative au lieu de le développer. »
Georges DARIEN : La Belle France


C'est assez édifiant. Il y a assez peu de correspondance. Comment se fait-il qu'un groupe d'hommes et de femmes aient délibérément créé une société, dans laquelle la plus grande partie du temps est passé à souffrir (éthymologie du mot travail : tripalium, qui est le nom d'un instrument de torture) ?

J'ai vu cet été un reportage qui m'a particulièrement frappé : une tribu amazonienne : les Zoés, qui vivent en symbiose avec la nature et dont les activités quotidiennes consistent à se nourrir (donc chasser), faire la cuisine, chanter, danser, se baigner dans la rivière, s'amuser, ne rien faire.

Pas d'objectif à atteindre ni de challenge à relever et une impression de sérénité et de bonheur proprement hallucinante.

Cette société est impossible à inventer de nos jours sous nos contrées. Pourtant, elle est tellement simple. Partage, Autarcie, Solidarité. Le premier pas. Il suffirait de faire le premier pas...

Je jette toutes ces considérations de manières très imprécises, sans creuser. J'en ai conscience. C'est juste une intuition. L'idée (dans l'air depuis longtemps) qu'on pourrait peut-être inventer mieux, créer des poches alternatives, ne pas sombrer dans le fatalisme d'un système en place (="c'est comme ça, on ne peut pas faire autrement." "dans la vie, on ne fait pas toujours ce qu'on veut."...) L'inertie est gigantesque je sais. Mais, quand j'apprends que, par internet, un mouvement est né qui s'appelle le couch surfing, je reprends espoir. Le couch surfing est un système très simple : tu dis : je m'engage à prêter un lit ou un canapé chez moi à qui voudra à un voyageur de passage et en échange, je peux bénéficier de tous les lits et canapés du monde mis à disposition (et ce n'est même pas une agence de rencontres !!) et il n'y a pas de transactions financières.

Voilà. Je suis un peu embêté de livrer toutes ces considérations sans avoir davantage "travaillé" le sujet, mais tant pis, si ça peut permettre à quiconque d'éclairer mieux mes lanternes avec une approche plus fouillée, je suis preneur.

Je suis fatigué, je vais dormir et demain, je me lèverai pour aller travailler...enfin je crois.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Hier, j'écoutais une émission de radio qui parlait des lettres écites par Flaubert à Colette je en sais plus comment. Et dans l'une d'elle il s'indigne sur le bonheur en disant qu'il y a quand même des choses plus intéressantes auxquelles aspirer dans la vie...j'ai bien aimé cette quête d'absolu si contradictoire avec les platitudes qu'on nous sert sur le droit au bonheur depuis quelques années.

palim a dit…

Oui, mais la liberté est un cadeau si dangereux à utiliser que la plupart des gens préfèrent ne pas s'en servir...mieux vaut une nouvelle télé !

Anonyme a dit…

Vivre en adéquation avec ses désirs : peut-être la plus belle chose au monde, la plus grande contrainte et aussi la plus grande liberté.

Et la liberté, cette liberté-là, peut faire peur. Très peur. Parce qu’elle est également pleine de contraintes, peut-être …

Anonyme a dit…

Binz, je suis vraiment un fléau, il s'agissait de Louise Colet, et quant au bonheur, il a écrit : " Il aurait mieux valu pour toi ne pas m’aimer. Le bonheur est un usurier qui pour un quart d’heure de joie qu’il vous prête vous fait payer toute une cargaison d’infortunes". Drôle comme on change peu.Depuis mon adolescence: je suis prête à payer ces cargaisons, pour quelques minutes de rêve. Sauf pour ce qui est de construire ma vie (Manue, je t'ai lue avec stupéfaction) où il est hors de question de prendre le moindre risque de céder à un inconscient mal digéré...j'ai aussi choisi en toute conscience d'être pafaitement rationnelle. C'est aussi ma forme de liberté...je ne dis pas que c'est la bonne hein, mais la moins pire que j'aie trouvé. Et j'aime bien ton blog.

palim a dit…

Manue,
La liberté est une notion trop complexe et vertigineuse.
Disons, au moins tâcher de ne pas vivre trop contre soi-même, se respecter assez pour ne pas accepter de s'infliger un sale destin.

lechalote,
merci. Je ne sais toujours pas pourquoi je fais ce blog, surtout que je suis très paresseux. Aujourd'hui je m'en sers pour me poser par écrit des questions que j'ai l'habitude de me poser mentalement.
Je comprends l'idée du confort rationnel et du danger de "céder à un inconscient mal digéré". Eh bien qu'attends-tu pour le digérer cet inconscient ? (je sais, c'est facile à dire !)

Anonyme a dit…

Des années que je digère au contraire, comme si, même, je n'avais passé ma vie qu'à ça, décortiquer, comprendre, pour vivre sereinement et en conscience! Et c'est cette stabilité autour que j'ai construite qui m'a permis de le faire, sans elle, j'aurais pêté un câble très probablement. Quant au blog, je regrette souvent de n'avoir pas la liberté que tu as dans le tien, je pense souvent à en ouvrir un autre, mais....