Belle vie à tous !
L'avantage quand on craque, c'est qu'on n'en a plus rien à foutre de tout.
L'inconvénient quand on craque, c'est qu'on n'en plus rien à foutre de tout.
Donc, me voilà face à de grandes journées toutes vides, un peu comme un appartement ou une maison que tu vas quitter et que tu as vidé, sauf que tu ne le quittes pas, tu continues à habiter dedans.
J'ai vraiment songé à arrêter ce blog. Je ne vois absolument et sincèrement aucun intérêt à le poursuivre. ça ne me fait pas plaisir. Je n'ai envie de plaire à personne, je n'ai pas envie de divertir qui que ce soit.
Mais je n'ai pas les moyens de me payer une psychothérapie et je refuse de me couper de mes émotions en prenant des médicaments.
Je sais, en outre, que je ne ferai pas de "journal intime" ; je suis bien trop paresseux pour ça.
En revanche, je marche bien à l'idée de rendez-vous. Tant que j'ai un lecteur, je m'en sers comme d'un psy virtuel. Désolé pour lui, mais il n'avait qu'à pas venir.
Ce lieu est sinistre, j'en ai une conscience aigüe. C'est normal, en ce moment, je suis sinistre.
Donc, vous voilà prévenu. Entre nous, si j'étais à votre place, je ne reviendrais pas. Je ne vois aucun intérêt à lire cette longue plainte d'une personne pourtant déjà gâtée par la vie.
Peut-être un jour m'amuserai-je à écrire un blog un peu plus ouvert sur l'extérieur ; là, je ne suis que sur ma gueule. Sorry !
- Comment ça va aujourd'hui ?
- Mal, très mal. Beaucoup pleuré hier. A n'en plus pouvoir. J'ai répété à plusieurs reprises : "je n'y arriverai pas."
- A quoi ?
- A vivre.
- Tu as tes filles.
- Je sais. Même ma mère me l'a rappelé ce matin en me disant : elles s'inquiètent pour toi tu sais. Je me suis ramassé du même coup 3 tonnes de culpabilité sur le dos. Merci maman.
- Tu crois qu'elles s'inquiètent vraiment ?
- J'en sais rien. Je fais ce que je peux pour donner le change, je te jure, mais je ne peux pas inventer la joie de vivre. J'aimerais tellement l'avoir comme avant. Comme quand j'en étais tellement riche que je la cramais sans y penser, comme il faut faire quand on l'a. Bon, je suis devenu pauvre en joie de vivre. Je ne pensais pas que ça m'arriverait un jour.
- Tu ne peux pas te relancer dans quelque chose ? Un moteur, ça redémarre. Mettre en place une action, n'importe laquelle. Une forme d'action prétexte qui t'engagerait auprès d'autres personnes devant qui tu serais responsable...
- Tu sais bien que ma vie est intimement liée avec L.
- Parlons de lui. Est-ce que tu penses que c'est un pervers narcissique ?
- Je ne sais pas. J'ai lu quelques livres dessus. Ma soeur qui a vécu avec un pervers narcissique m'assure que c'en est un. Ma bonne amie (qui n'est pas la moitié d'une conne et qui a une intuition très puissante) m'assure la même chose. Et moi, moi, j'ai des doutes. Encore et toujours. Ces fameux doutes qui me font rester.
- ça fait plusieurs années que tu travailles avec lui. Presque quotidiennement. Tu dois bien le connaître maintenant.
- Détrompe-toi ! C'est comme dans ces couples au long cours ; on croit bien se connaître mais on a trop le nez dedans pour avoir le recul nécessaire.
- Le projet qui pourrait te relancer est nécessairement associé à lui. Donc, l'équation est : ni avec lui, ni sans lui, c'est ça ?
- C'est ça. Avec lui, je prends le risque de retomber dans ce lien pervers. Sans lui, je n'ai plus rien.
- Ou "je ne suis plus rien" ?
- Peut-être.
- parle-moi de ce lien pervers.
- c'est difficile. C'est très diffus. J'ai toujours peur de faire de l'auto-suggestion. Seul avec lui, je ne suis pas mal. Bien au contraire. Il y a quelque chose de jouissif. Une forme de compréhension mutuelle et immédiate. Pourtant, avec le recul, il y a beaucoup de ces jugements péremptoires que je n'aime pas. Cela me permet pourtant de m'abandonner moi-même à ce penchant agréable.
- ça n'a rien d'un lien pervers.
- C'est une intuition. Je sens qu'il y a quelque chose de pourri.
- quoi ?
- je sens qu'il n'est pas vrai.
- va au bout.
- Comme si il s'adaptait à moi. Comme s'il était mon miroir. Il est un peu mon révélateur. Il m'entraîne dans une direction. Si je dis ok ; on y va. Sinon, c'est un peu comme s'il prétendait n'avoir jamais cherché à m'entraîner dans cette direction. C'est très confus, j'avais prévenu.
- Ce n'est pas grave. Continue.
- J'ai en face de lui un mélange de fascination et de répulsion, d'amour et de haine. Le lien semble très solide.
- C'est la raison pour laquelle tu as peur de le trancher.
- Oui.
- Tu as peur de lui ? De ce qu'il pourrait penser ?
- oui.
- Tu as peur d'être le traître ?
- oui.
- Tu as peur du vide que son absence pourrait laisser.
- non pas tellement.
- Tu ne sembles pas tant avoir besoin de lui alors ?
- non.
- Et lui te fais croire qu'il n'a pas besoin de toi ?
- oui. Il est très fort pour ça. Mais il me culpabilise insidieusement si je cherche à prendre mes distances.
- Si tu devais désigner un animal pour le désigner.
- un serpent. Le pire, c'est en public. Lorsque nous travaillons ensemble. Devant les autres. J'ai toujours l'impression d'avoir ma place à faire. Je dois jouer des coudes pour exister.
Lorsque nous nous sommes rencontrés il y a quelques années, c'était moi qui dirigeais un projet. Et je l'ai associé à ce projet dont j'avais toujours les rênes. Puis nous sommes devenus associés. Et depuis, je sens que je disparais, que je m'efface. Que je perds consistance. Je crois que c'est grave. J'ai l'intuition que je suis en train de me faire bouffer, absorber. Dans les bouquins sur les pervers narcissiques, ils parlent de vampires d'énergie.
- Alors ? Que faire ?
- Sacrifier tous les projets en cours et me reconstruire sans lui.
- et si tu te trompais ? Si c'était seulement la dureté de ce milieu professionnel qui t'avait atteint. Les échecs successifs.
- peut-être. Mais mon intuition me dit que je suis en danger.
- Pourquoi es-tu resté si longtemps ?
- Quelque chose qui aurait à voir avec ma mère et avec ma soeur aînée. La jouissance liée au lien pervers qui est aussi un lien d'amour. Il y a une confusion qui s'est faite. C'est la perversion qui me procure mon équilibre. Bon, c'est un peu compliqué. Je n'y comprends pas grand-chose moi-même. Je suis fatigué. Je vais m'arrêter là.
- Ok. Juste une chose. Attention à la paresse. L'arrêt d'accord. La pause d'accord. Mais que ce ne soit pas un prétexte à la paresse et à l'auto-apitoiement. Le vide a toujours quelque chose de fascinant mais c'est aussi très vain !
- Je vais faire ce que je peux. Je crois que j'ai aussi besoin d'arrêter de chercher cette énergie. Si elle n'est pas là à portée, c'est pour une bonne raison. C'est que je dois m'arrêter. Pour réfléchir justement. C'est désagréable pour moi et pour mon entourage, certes, mais c'est sans doute nécessaire. Mais promis, je vais continuer à faire la vaisselle et à ranger mon appartement.