vendredi 13 février 2009

Mon mur et moi

T'es face au mur !
Il est là le salaud, il te regarde et il te dit : t'aimerais bien passer, enculé ?
Ouais, j'aimerais bien passer. Et le mur se marre.
J'vais t'défoncer à coups de barre. Il se marre again. Un mur qui se gondole, c'est juste insupportable.
Qu'est-ce que je t'ai fait, tu lui dis ? Rien.
Alors ?
Tu crois peut-être que t'es tout seul face au mur ? Là, tu tournes la tête et tu vois les autres, tous les autres, qui parlent à leur mur. Ils te voient pas. Normal, ils sont trop occupés à négocier. Y'en a qui font mine de partir, du style je m'en fous. Et tout à coup ils se retournent et foncent dans leur mur pour le faire tomber. Et le mur rigole en général. Y'en a d'autres qui cherchent à l'amadouer : vas-y, quoi, laisse-moi avancer ! Retire-toi que je vois la lumière, juste deux secondes, allez sois sympa quoi ! Mais le mur il reste de marbre.
Certains se sont assis, ils ont compris.
Même ils essaient de le dire à ceux qui veulent bien les écouter : eh, c'est un mur, t'es en train de parler à un mur là !
Y'a aussi ceux qui renoncent jamais, qui ont amené du matériel d'escalade. Ils entament l'ascenscion et chaque fois qu'ils se rapprochent du bord, le mur se met à grandir ; mais ils se découragent pas, ils continuent à grimper.
Moi, en attendant que mon mur se lasse, qu'il s'effondre, qu'il retourne au pays des murs, je vais prendre mes couleurs et y peindre toute ma colère, toutes mes angoisses, toutes mes peurs, toutes mes tristesses. Comme ça j'aurais un beau mur bariolé. Mon mur.

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