samedi 7 février 2009

Les Voyageurs à destination du Bonheur sont priés de se rendre sur le quai n°2

Nous sommes encore une société bien peu évoluée pour que même un travail répétitif et faiblement rémunéré soit perçu comme un bien rare qu’on ne veut pas perdre!
Le bonheur, on ne le retrouve pas beaucoup dans les discours des hommes politiques, des syndicalistes, des ministres de l’éducation. Les économistes parlent bien du "moral des ménages", mais cette étrange périphrase ne fait allusion qu’à leur consommation d’objets manufacturés.
Tous les petits livres de sagesse s’efforcent de donner des clés pour être heureux: comment développer les pensées positives, comment épanouir son corps et son âme etc... mais je pense que cela ne suffit pas. Si, objectivement, les conditions professionnelles et matérielles sont trop difficiles, développer des pensées positives ne suffira pas.
Lucie Vivien

"Pour ma part,il y a longtemps que j ai découvert que le "système" - la société de consommation dans laquelle je vis- nous enferme, individuellement, dans une cage qui nous laisse de moins en moins de choix véritables et de vraie liberté. Que les barreaux de la cage soient dorés ne change rien à la réalité de l’aliénation profonde de ses prisonniers"

" Le bonheur est aujourd’hui perçu comme la satisfaction non seulement de tous les besoins, mais également des goûts et même des souhaits. Satisfaction devient saturation . Mais ce gavage n’est pas source d’épanouissement, car le propre de la société de consommation, c’est de proposer constamment de nouveaux biens (ou de nouvelles présentations de l’ancien), de susciter de nouveaux "besoins", d’attiser les convoitises. Il ne faut jamais que les gens soient satisfaits."

Serge Mongeau


Il suffit de taper sur Google : "travail", "Satisfaction au travail"; "le monde du travail aujourd'hui" et c'est comme ouvrir une armoire mal-rangée : ça te tombe sur la gueule :
Stress
Perte de sens
Perte de motivation
Perte de la valeur
Insatisfaction
maladie...
Quand un système ne rend pas heureux les personnes qui le font marcher, il est peut-être temps de remettre en question ce système.
Mais quand le système en question est aux mains des Puissants, Il est clair qu'ils n'ont aucun début d'envie d'en changer parce qu'il leur permet justement d'être les Puissants et que ça les rend priapiques quand ils se regardent dans le miroir (je n'ai pas dit heureux !)
L'histoire de l'homme est cette lutte incessante pour abolir les privilèges.
On s'est rendu compte avec l'exemple concrêt du communisme, que de freiner artificiellement le mouvement individualiste de l'homme ne fonctionnait pas. L'exemple du lopin de terre en URSS est signifiant : Staline concède un ridicule lopin de terre aux paysans, dont la production leur revient entièrement. Avec leur lopin de terre, ils font exploser leur production personnelle (quand dans le même temps, ils produisent 10 fois moins que les USA dans le cadre des coopératives).
On pourrait bien sûr préparer la révolution. C'est fun une révolution ! On peut devenir héros ou martyr ou les deux, ou même mort. On se sent vivre. C'est excitant. On se sent important.
Et une fois la révolution achevée, de nouveaux Puissants surgissent qui affirment ne jamais ô grand jamais ressembler au méchant Puissant qu'on vient de faire tomber.
ça semble inscrit dans les gênes de l'humanité. Il n'y a qu'à voir les enfants, ces anges, ces chérubins, si mignons, si adorables, qui se tapent sur la gueule dans la crèche pour obtenir le jouet de la copine et se débinent en douce, façon :"j'ai rien fait".
En tapant modèle de société heureuse sur Google, je suis tombé sur...rien. Dommage, j'aurais bien fait mes valises.
Il y a une autre solution, qui peut prendre un peu de temps, mais qui serait efficace. Que la folie de l'homme, sa soif du pouvoir, sa soif de posséder l'entraîne dans le Grand Mur. On y a cru avec la crise. A priori, on a donné un grand coup de volant au dernier moment. Mais c'est pas dit qu'en allant à cette vitesse, on ne se prenne pas un nouveau Mur un peu plus loin.
Et là, c'est tout le système qui s'effondre tout seul.
Alors, désolé pour l'individu, mais le mouvement historique, il n'en a rien à branler de l'individu. Tu peux crever la bouche ouverte. Tu t'es juste trouvé au mauvais endroit au mauvais moment.
Je ne vous brosse pas le scénario catastrophe, ça devrait bientôt sortir sur les écrans avec Brad Pitt en employé de banque avec une jolie famille qui se trouve du jour au lendemain sans aucun moyen de subsistance et organise la survie de ceux qui ont tout perdu et rédécouvrent la joie de faire un feu en pleine nature...
Bon, là aussi, comme dans les révolutions, on n'est pas à l'abri de voir Brad Pitt devenir un Puissant (pas dans le film, parce que dans le film, Brad est un type éclairé qui sait ne pas tomber dans le piège de la vanité et NE VEUT PAS RETOMBER DANS LES ERREURS DU PASSÉ). Ouais mais le fils de Brad, il est aussi éclairé que son papa ?
Donc. C'est le bordel ? Non, parce que l'humanité est peut-être quand même en train de bouger. Je veux dire ce qu'on a tous dans la caboche. Je vous entend déjà vous écrier : changer ? mon cul ! Attention, je parle en siècles. C'est une projection à long terme. ça bouge lentement, très lentement, une humanité, ça fait des allers et retours. ça s'arrête, ça réfléchit ; ça se dit : "j'ai peut-être déconné là" ; ça balance une petite bombe nucléaire pour voir et après : "oups désolé, j'ai merdé, là" ; et après comme elle est un peu honteuse l'humanité, elle dit : "bon, on essaie d'arrêter de faire la guerre d'accord ?" ; "et si on se mettait à faire un maximum de profit !", "oh ouais, ça serait cool !"...alors la prochaine étape, ça sera peut-être : "Et si on se mettait tous à chanter, à danser et à faire l'amour" (non, je déconne, ça, c'est pour dans mille ans !)
Alors voilà, moi, je lui fais confiance à l'humanité, d'abord parce qu'elle est pas vraiment suicidaire, elle joue avec l'idée, parfois, elle se rapproche dangereusement de la ligne rouge mais c'est pour se sentir en vie. Elle a quand même bien envie d'être heureuse. Mais, comme chacun de nous, elle est maladroite, elle déconne plus souvent qu'elle ne réussit à choper du bon bonheur qui tient. Elle s'en veut. Elle aimerait bien y arriver mieux. Parfois elle se dit : là, là, j'y suis, j'ai trouvé la bonne recette : les trente glorieuses, le plein emploi, la prospérité...mais elle a oublié que le mieux est l'ennemi du bien. Et que ce mieux vient de l'entraîner dans l'horreur économique. Pauvre humanité !
Alors individuellement, c'est méga frustrant, énervant, agaçant ! On a envie de lui dire : mais non pas là, mais non, mais arrête, tu vas dans le Mur. Mais tu le vois pas le Mur ? Mais elle est conne ou quoi ! Et en plus je suis dedans ! Oh, je veux pas aller dans le Mur moi ! T'entends ? Arrête ! Je veux descendre !
Mais on peut pas descendre...A moins de sauter en marche. Et là tu meurs.
Y'a toujours des fous, des héros, des inconscients, qui essaient de remonter jusqu'à la locomotive et de reprendre les commandes. Pas toujours pour aller dans la bonne direction. N'oublions pas : Le mieux est l'ennemi du bien et l'enfer est pavé de bonnes intentions.
En revanche, y'a un truc qui fait du bien à l'humanité, c'est quand chaque individu fait attention à lui, travaille à se respecter, à s'aimer lui-même, donc, à faire circuler ce truc à la con qu'on appelle l'amour. Même à grande vitesse, même dans des conditions épouvantables, en travaillant chaque jour et modestement à faire circuler ce truc à la con qu'on appelle l'amour et ben...y'a de l'espoir pour l'humanité.
Et je m'arrête là pour le moment parce que j'ai dit assez de conneries ! Et si je me mets à parler d'amour, ça risque de se tranformer en usine à guimauves et je ne veux pas vous offrir ce spectacle affligeant !
Je vous souhaite de vous aimer très fort vous-même, comme vous le méritez !



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