lundi 23 février 2009

A l'arrêt

Avertissement : ce blog pour le moment n'a plus d'autre fonction que l'introspection. Donc une fonction uniquement thérapeutique. Il ne présente donc aucune espèce d'intérêt. Je ne le continue plus que pour moi.
Belle vie à tous !


L'avantage quand on craque, c'est qu'on n'en a plus rien à foutre de tout.
L'inconvénient quand on craque, c'est qu'on n'en plus rien à foutre de tout.
Donc, me voilà face à de grandes journées toutes vides, un peu comme un appartement ou une maison que tu vas quitter et que tu as vidé, sauf que tu ne le quittes pas, tu continues à habiter dedans.

J'ai vraiment songé à arrêter ce blog. Je ne vois absolument et sincèrement aucun intérêt à le poursuivre. ça ne me fait pas plaisir. Je n'ai envie de plaire à personne, je n'ai pas envie de divertir qui que ce soit.
Mais je n'ai pas les moyens de me payer une psychothérapie et je refuse de me couper de mes émotions en prenant des médicaments.
Je sais, en outre, que je ne ferai pas de "journal intime" ; je suis bien trop paresseux pour ça.
En revanche, je marche bien à l'idée de rendez-vous. Tant que j'ai un lecteur, je m'en sers comme d'un psy virtuel. Désolé pour lui, mais il n'avait qu'à pas venir.
Ce lieu est sinistre, j'en ai une conscience aigüe. C'est normal, en ce moment, je suis sinistre.
Donc, vous voilà prévenu. Entre nous, si j'étais à votre place, je ne reviendrais pas. Je ne vois aucun intérêt à lire cette longue plainte d'une personne pourtant déjà gâtée par la vie.
Peut-être un jour m'amuserai-je à écrire un blog un peu plus ouvert sur l'extérieur ; là, je ne suis que sur ma gueule. Sorry !

- Comment ça va aujourd'hui ?
- Mal, très mal. Beaucoup pleuré hier. A n'en plus pouvoir. J'ai répété à plusieurs reprises : "je n'y arriverai pas."
- A quoi ?
- A vivre.
- Tu as tes filles.
- Je sais. Même ma mère me l'a rappelé ce matin en me disant : elles s'inquiètent pour toi tu sais. Je me suis ramassé du même coup 3 tonnes de culpabilité sur le dos. Merci maman.
- Tu crois qu'elles s'inquiètent vraiment ?
- J'en sais rien. Je fais ce que je peux pour donner le change, je te jure, mais je ne peux pas inventer la joie de vivre. J'aimerais tellement l'avoir comme avant. Comme quand j'en étais tellement riche que je la cramais sans y penser, comme il faut faire quand on l'a. Bon, je suis devenu pauvre en joie de vivre. Je ne pensais pas que ça m'arriverait un jour.
- Tu ne peux pas te relancer dans quelque chose ? Un moteur, ça redémarre. Mettre en place une action, n'importe laquelle. Une forme d'action prétexte qui t'engagerait auprès d'autres personnes devant qui tu serais responsable...
- Tu sais bien que ma vie est intimement liée avec L.
- Parlons de lui. Est-ce que tu penses que c'est un pervers narcissique ?
- Je ne sais pas. J'ai lu quelques livres dessus. Ma soeur qui a vécu avec un pervers narcissique m'assure que c'en est un. Ma bonne amie (qui n'est pas la moitié d'une conne et qui a une intuition très puissante) m'assure la même chose. Et moi, moi, j'ai des doutes. Encore et toujours. Ces fameux doutes qui me font rester.
- ça fait plusieurs années que tu travailles avec lui. Presque quotidiennement. Tu dois bien le connaître maintenant.
- Détrompe-toi ! C'est comme dans ces couples au long cours ; on croit bien se connaître mais on a trop le nez dedans pour avoir le recul nécessaire.
- Le projet qui pourrait te relancer est nécessairement associé à lui. Donc, l'équation est : ni avec lui, ni sans lui, c'est ça ?
- C'est ça. Avec lui, je prends le risque de retomber dans ce lien pervers. Sans lui, je n'ai plus rien.
- Ou "je ne suis plus rien" ?
- Peut-être.
- parle-moi de ce lien pervers.
- c'est difficile. C'est très diffus. J'ai toujours peur de faire de l'auto-suggestion. Seul avec lui, je ne suis pas mal. Bien au contraire. Il y a quelque chose de jouissif. Une forme de compréhension mutuelle et immédiate. Pourtant, avec le recul, il y a beaucoup de ces jugements péremptoires que je n'aime pas. Cela me permet pourtant de m'abandonner moi-même à ce penchant agréable.
- ça n'a rien d'un lien pervers.
- C'est une intuition. Je sens qu'il y a quelque chose de pourri.
- quoi ?
- je sens qu'il n'est pas vrai.
- va au bout.
- Comme si il s'adaptait à moi. Comme s'il était mon miroir. Il est un peu mon révélateur. Il m'entraîne dans une direction. Si je dis ok ; on y va. Sinon, c'est un peu comme s'il prétendait n'avoir jamais cherché à m'entraîner dans cette direction. C'est très confus, j'avais prévenu.
- Ce n'est pas grave. Continue.
- J'ai en face de lui un mélange de fascination et de répulsion, d'amour et de haine. Le lien semble très solide.
- C'est la raison pour laquelle tu as peur de le trancher.
- Oui.
- Tu as peur de lui ? De ce qu'il pourrait penser ?
- oui.
- Tu as peur d'être le traître ?
- oui.
- Tu as peur du vide que son absence pourrait laisser.
- non pas tellement.
- Tu ne sembles pas tant avoir besoin de lui alors ?
- non.
- Et lui te fais croire qu'il n'a pas besoin de toi ?
- oui. Il est très fort pour ça. Mais il me culpabilise insidieusement si je cherche à prendre mes distances.
- Si tu devais désigner un animal pour le désigner.
- un serpent. Le pire, c'est en public. Lorsque nous travaillons ensemble. Devant les autres. J'ai toujours l'impression d'avoir ma place à faire. Je dois jouer des coudes pour exister.
Lorsque nous nous sommes rencontrés il y a quelques années, c'était moi qui dirigeais un projet. Et je l'ai associé à ce projet dont j'avais toujours les rênes. Puis nous sommes devenus associés. Et depuis, je sens que je disparais, que je m'efface. Que je perds consistance. Je crois que c'est grave. J'ai l'intuition que je suis en train de me faire bouffer, absorber. Dans les bouquins sur les pervers narcissiques, ils parlent de vampires d'énergie.
- Alors ? Que faire ?
- Sacrifier tous les projets en cours et me reconstruire sans lui.
- et si tu te trompais ? Si c'était seulement la dureté de ce milieu professionnel qui t'avait atteint. Les échecs successifs.
- peut-être. Mais mon intuition me dit que je suis en danger.
- Pourquoi es-tu resté si longtemps ?
- Quelque chose qui aurait à voir avec ma mère et avec ma soeur aînée. La jouissance liée au lien pervers qui est aussi un lien d'amour. Il y a une confusion qui s'est faite. C'est la perversion qui me procure mon équilibre. Bon, c'est un peu compliqué. Je n'y comprends pas grand-chose moi-même. Je suis fatigué. Je vais m'arrêter là.
- Ok. Juste une chose. Attention à la paresse. L'arrêt d'accord. La pause d'accord. Mais que ce ne soit pas un prétexte à la paresse et à l'auto-apitoiement. Le vide a toujours quelque chose de fascinant mais c'est aussi très vain !
- Je vais faire ce que je peux. Je crois que j'ai aussi besoin d'arrêter de chercher cette énergie. Si elle n'est pas là à portée, c'est pour une bonne raison. C'est que je dois m'arrêter. Pour réfléchir justement. C'est désagréable pour moi et pour mon entourage, certes, mais c'est sans doute nécessaire. Mais promis, je vais continuer à faire la vaisselle et à ranger mon appartement.




Quoi de neuf docteur ?

Le professeur Nicole Aubert estime que la dépression pourrait avoir la fonction de signal d'alarme, indiquant qu'il est temps de ralentir un rythme de vie devenu frénétique.
L'observation de la dépression en tant que phénomène qui suit des lois comparables aux autres processus de vie, semble donner raison à sa théorie.
En effet ce qu'on entend par maladie, pathologie ou dérèglement des fonctions normales, ne concerne d'habitude qu'une minorité d'individus dont on pourrait dire qu'ils n'ont pas eu de chance. Les erreurs générées par la nature dans le cadre des mutations par exemple, ne sont qu'un phénomène marginal du point de vue statistique, un évènement rare.
Or la dépression aujourd'hui, ne peut être considérée comme un phénomène rare. Le fait qu'elle soit un événement relativement courant, conduit à penser qu'elle doit plutôt avoir une fonction naturelle.
Dans la société de consommation et de vitesse à laquelle nous appartenons, ce sont les individus les plus sensibles, les plus conscients peut-être des dangers du "toujours plus", qui craquent les premiers. Le signal d'alarme de la dépression, ne se limite pas forcément à une fonction individuelle, il a peut-être aussi une fonction sociale, celle de nous avertir tous.
Régis Fagot

samedi 21 février 2009

Quand j'étais petit garçon là là là


Je suis un bébé. On me sollicite. Je réponds. Je me rends aimable pour qu'on s'occupe de moi. Je souris, afin de recevoir ma nourriture affective et ma nourriture tout court. Et puis je gueule quand je n'ai pas ce que je veux. Basique. Efficace. Vital. Et puis, voilà que les adultes qui m'entourent veulent m'apprendre des trucs.
"Paaapa", "maaaman". "maaaman", "paaapa".
Je regarde, j'écoute. Je comprends pas trop ce qu'ils veulent et au bout du 458 ème "paaapa", je pige : et je mime, parce que c'est tout ce que je sais faire pour l'instant : mimer.
Je me lance "apa". Et là c'est l'extase, la fête, l'enthousiasme à son paroxysme : il a dit papa ! J'ai pas dit "papa", j'ai dit "apa", il est con ou quoi ? Mais en même temps, je viens d'éprouver qu'en imitant les adultes autour de moi, ils étaient comme des fous et qu'ils m'aimaient encore plus, qu'ils me filaient encore plus de nourriture affective, à base de bisous, de calins, de sourires et de "il est mignon". Cool la vie !
Et puis, je les imite en tout. J'absorbe, éponge que je suis. Et quand le canal de transmission est l'amour, je m'efforce de bien imiter pour recevoir ma dose d'amour, comme les phoques en spectacle en échange de leurs doses de sardines.
Et dès que je sais marcher, je pars à la découverte de l'univers qui m'entoure. Et je suis vierge. Je ne sais rien. Pourquoi tu crois que les Puissants ont envie d'aller dans les étoiles et dépensent tout leur pognon et leur énergie ? Pour retrouver ce méga-pied.
Ouaaah, une table ! Ouaaaah ! un mur ! Ouaaaaaaaaah un truc noir qui bouge dans l'air. "Mouche" me dit celui que j'ai compris être "paaapa". Je répète "Mousshe". C'est le méga-pied. Le grand orgasme. Et ça recommence chaque jour. Je n'ai pas assez de mes deux yeux et de mes deux oreilles pour tout absorber. Je peux rester un temps fou en contemplation devant une fleur ou même simplement mon pied. Car, et c'est là le miracle, le temps n'existe pas. ça, c'est beau, hein ?! Pas de passé, pas d'avenir. Seulement le présent. Seulement le "c'est bon" ou "c'est pas bon". Voilà mon seul guide. Je peux passer à autre chose en un instant, sous le seul prétexte que ça se présente à moi. Et je dors "comme un bébé". Très rares sont les bébés qui font des insomnies !
Mais les adultes viennent très vite me faire chier, mais me faire chier, t'as pas idée ! Au début, je les aimais bien, ces pourvoyeurs de nourriture, mais là, c'est simple, ils passent leur temps à me dire : "non, ne touche pas à ça !", "attention", "arrête", "je t'ai déjà dit que c'était interdit". Interdit ? Comprends pas. Et là tu comprends ? Putain, elle m'a tapé. Aïe. ça fait mal. Elle est conne ou quoi ? Je pleure pour lui montrer que ça fait mal et que ça se fait pas ! Bon, ça doit être un malentendu. Le lendemain, j'ai oublié (ben, oui, vous savez moi le temps...) et re-belotte le truc interdit. Re-tape ! Re-Aïe ! Re-pleurs. Re-"mais elle est tarée ou quoi ?" Comme je n'aime pas avoir mal, je deviens intelligent. Je fais une association subtile entre "truc interdit" et douleur. Welcome Pavlov ! Bienvenue dans le monde merveilleux des adultes. Donc, je me soumets à un truc que je ne comprends pas. Je suis un peu contrarié certes. Ce n'est que le début, je n'ai encore rien vu ! On va m'apprendre à marcher droit à coups de Pavlov, tellement que je vais finir par trouver ça normal. Il y a bien les rebelles. Les "qui veulent qu'on leur explique". Qui trouvent ça injuste. Ceux-là, ils se font mater un peu plus.
Donc, comme je dois m'adapter au monde des adultes et non l'inverse, j'assimile toutes les règles par crainte de la douleur. ça s'appelle l'éducation. ça paraît un peu hard comme ça, mais le chien de la fable (dans le loup et le chien), en faisant ce qu'on lui dit, en se tenant à carreaux, il est méga-peinard ! Arrête de résister, t'es con ou quoi ? Plus tu résistes, plus tu souffres. Fais donc ce qu'on te dit. Essaie pas de comprendre. Adapte-toi. De toutes façons, tu n'es pas en âge de comprendre.

Les psychologues ont mis en évidence le fameux âge du "non". Tu m'étonnes ! Ainsi que la nécessité des règles pour la construction de la personne. Dans quelle culture ? Dans quelle civilisation ? Les psychologues étudient-ils suffisamment la sociologie, l'ethnologie et l'histoire ? (je suis mal placé pour dire ça, mais je vais aller me renseigner promis, là, c'est juste de l'ordre de l'intuition...)

En effet, voyant ma liberté et mon horizon se rétrécirent dangereusement, avec ma petite voix et du haut de mes 80 cm, je proclame haut et fort : "non !" "tu m'emmerdes !" "va te faire foutre !" "je cèderai pas" "et pourquoi d'abord je devrais cesser de jouer ?"
Quelques torgnoles plus tard, menaces et haussements de ton, je dis : "ok, ça va pour cette fois, mais n'y reviens pas !" Quelques mois plus tard, je dis :"mais bien sûr papa, j'arrête de jouer pour aller voir ces gens que je ne connais pas et dont je n'ai que foutre." "mais bien sûr je vais docilement aller au lit, alors que je ne suis pas du tout, mais pas du tout fatigué", "mais bien sûr, je vais finir toute mon assiette, alors que c'est dégueulasse, que ça pue et que je n'ai plus faim du tout" toutes ces règles d'ailleurs que vous ne vous appliquez pas à vous-mêmes ; non non, mais j'ai compris, c'est pour mon bien (je risque de l'entendre encore souvent cette phrase, elle est pratique !)
Le conditionnement est en marche. Relayé par l'école. Relayé par la télévision. Relayé par toutes les structures de la société.

Et là se pose le concept du choix, de ma liberté, de ma marge de manoeuvre. Mais c'est une autre histoire. Il faut éteindre maintenant. Parce qu'il faut dormir. Parce que demain le réveil va sonner, alors qu'il ne fera même pas encore jour... Parce que tu dois aller travailler. Parce que la Machine a faim...

jeudi 19 février 2009

The power of love

C'est une intuition, juste une intuition. Rien d'intellectuel. Quand je touche l'Homme, là avec mon coeur, seulement mon coeur, pas de cerveau, pas de jugement, pas de "il est..., elle est...", je me vois moi. Je suis le même. Il veut aimer. Il veut être aimé. Sa capacité à aimer est infinie. Sa capacité à recevoir de l'amour est infinie. Et c'est strictement la même que la mienne. Nous sommes fabriqués avec des atomes d'amour d'une puissance absolue. ça, c'est notre base. Nous la partageons tous. Et puis, je ne sais pas bien pourquoi, et je pleure chaque jour sur cette réalité terrible, l'enfant naît et le voilà déjà abîmé, éloigné.
Souvent , je "discute" avec des enfants que je ne connais pas et qui ne me connaissent pas. Très rares sont ceux qui ne me rendent pas spontanément mon sourire ; sans se méfier, sans chercher à savoir ce que je veux. Ils sont innocents. Je sais que ceci a été dit mille fois. Je le redis. Le secret est là. Et leur terrain est le jeu, le plaisir et le présent.
Notre civilisation a inventé l'adulte (certaines civilisations sont restées innocentes et au plus proches de l'enfant). L'adulte tel que la société moderne l'a créé se coupe trop souvent de sa source d'amour. Et il en souffre. Nous en souffrons tous. Parce que c'est contre notre nature profonde. Alors on dit : "je suis bien obligé"; "ce n'est pas de gaieté de coeur", "s'il ne tenait qu'à moi", "on ne fait pas toujours ce qu'on veut" et encore : "quel gros con !" " quel bande de connards ! " "quel putain d'enculé de sa race !"; "cette garce" et nous sommes nous-même "ce gros con" ou "cette salope".
Je n'ai pas de solution. J'essaie juste de résister individuellement à ce courant d'une puissance épouvantable, j'essaie d'invoquer ma puissance d'amour d'enfant, la confiance et la bienveillance qui peut désamorcer les "quel gros con !". J'échoue la plupart du temps. Mais je recommence. Parce que c'est la seule chose vraiment belle que je reconnais en moi. C'est ma belle humanité et la belle humanité des autres que j'essaie de toucher. Une vie n'y suffit sans doute pas. Si on se reconnecte à soi, au plus profond, on sent cette force d'amour total. Je sais bien qu'il n'y a rien de plus difficile en pratique, mais c'est notre lumière à tous. A nous d'essayer d'en régler l'intensité...



dimanche 15 février 2009

En panne pour de bon

C'est toujours pareil. Quand tu l'as, tu fais pas gaffe, elle est là et puis c'est tout. C'est normal. C'est comme de respirer. Tu vas pas te dire toutes les 5 minutes : tiens je respire. Chouette je respire ! C'est trop cool, je respire ! Tu te rends compte, si je ne respirais pas, je serais mort.
Bon ben l'Energie, c'est pareil. Tant que tu n'es pas tombé en panne d'Energie, tu roules, tu fais pas gaffe.
Je voyais bien le voyant orange qui s'était allumé depuis quelques temps déjà. Parfois je faisais semblant de pas le voir, et quand j'avais un passager qui me le faisait remarquer, je lui disais :
- ça ? C'est rien.
- non mais c'est orange je t'assure.
- oui, c'est un peu orangé, mais tu sais, de l'Energie j'en ai à revendre alors...
- tu peux pas en revendre, puisque t'en as presque plus.
- Regarde-moi bien. Je suis un warrior, je me suis toujours relevé de tout.
- mouais. Méfie-toi quand même.
Ben ouais. T'es marrant toi. Bien sûr que je me suis méfié. Bien sûr que je sentais que ça fuyait dangereusement. Mais qu'est-ce que tu voulais que je fasse ?
Et puis, la panne !
J'ai mis deux secondes avant de comprendre.
- Vous voulez dire que c'est fini là ?
- ben ouais.
- je peux plus rouler avec les autres.
- ben non, t'es à l'arrêt.
- mais je vais faire quoi ?
- eh ben, tu retrouves du carburant.
- mais on trouve ça où ?
- Ecoute tu te démerdes ! Faut qu'on avance nous !
Merde. Finalement c'est arrivé. Je n'y croyais pas. Ah j'ai l'air malin ! Au début j'ai essayé de me pousser. C'est assez drôle. Je me suis poussé, ça pesait trois tonnes. J'ai essayé de me faire croire que je roulais encore. Y'a un pote qui s'est arrêté à côté de moi.
- dis-donc j'ai failli te louper. Qu'est-ce qui t'arrive ? Pourquoi tu roules aussi lentement ?
- hein ? Moi ? Non. Pourquoi tu dis ça ?
- ouh là, ça va pas fort.
- non je crois bien que je suis en panne d'Energie pour de bon cette fois-ci.
Et il s'est mis derrière moi pour me pousser. On a cherché une pompe.
- là !
- non, c'est un arbre.
- et là ? Là, c'est une pompe, non ?
- non plus !
- mais si regarde y'a plein de gens qui s'arrêtent.
- c'est un carburant qui marche pas sur moi.
- oh t'es chiant ! Mets-y un peu du tien !
- je suis désolé.
- c'est pas ça mais...
- vas-y, je ne voudrais pas te retenir.
- t'es sûr. ça va aller ?
- non, mais, je te promets que je vais essayer.
- je reviendrai te voir.
- merci.
Et il est parti en trombe dans un jet de poussière. Et dire que j'allais plus vite que lui avant.
Avant. Faut plus penser à avant. ça fait encore plus mal.
Maintenant c'est maintenant.
Putain de pompe ! Où est-ce qu'elle est ? J'avance comme un escargot. Je les vois tous filer à toute berzingue. Ils ne me voient pas. Mais moi j'ai le temps de les regarder. Ils me fascinent. Ils sont tout contents d'aller vite. Comme moi avant. Et puis, pour la première fois, parce qu'avant je ne les voyais pas, j'ai vu les Autres, ma nouvelle famille. Ceux qui sont tombés en panne comme moi. J'ai fait connaissance.
- salut.
- salut.
- ça fait longtemps ?
- vingts ans.
- vingts ans merde !
- ouais.
- et toujours pas de pompe.
Et là elle se marre.
- tu cherches une pompe ?
- ouais pourquoi pas ?
- C'est bien. Cherche.
Elle me fait chier elle. Je me pousse un peu plus vite (si tant est que je puisse utiliser cet adverbe) et j'entends son rire fatigué dans mon dos. Merde, elle me fait chier. Bien sûr que je vais trouver une pompe. Je ne vais quand même pas rester comme ça jusqu'à la fin. Hein ? Ce n'est pas possible ! Hein ? Y'a une pompe quelque part. Pour repartir comme avant, cheveux au vent, insouciant, un peu connard, le sourire agrafé au visage...
-

samedi 14 février 2009

Pour que naissent nos enfants

L'amour tombe comme un couperet. Ils se regardent. Et dans leurs yeux tout est lumière. L'occasion de toucher du doigt la Félicité. Une brèche. Merci. Evidemment, quand on y a touché, on en reveut. Cet oubli de soi. Le contraire de la lucidité. Il y en a qui crèvent à petit feu de leur trop grande lucidité. Cadeau empoisonné.
La Grande Bascule. Ah, si on pouvait la garder, la figer pour toujours. Arrêter le temps. Là, maintenant, c'est bien. Ne changez rien. A cet instant quand ta main est posée sur mon ventre, à cet instant où je suis submergé par ta lumière, à cet instant où tout mon corps frémit, à cet instant où je me dis : est-ce possible, tant de bonheur ? A cet instant où je ne te vois pas vraiment toi mais qu'importe, j'ai cessé de me poser la question lancinante : qu'est-ce que je peux bien foutre ici ?
Nous le savons tous. Le moment ne dure pas. C'est bon à prendre, c'est tout. C'est prévu pour assurer la survie de l'espèce. Mécaniquement, c'est extrêmement malin.
Soudain submergé par les hormones, notre cerveau devient incapable d'avoir un jugement lucide. On vient de se faire niquer. Sans parler de l'hormone de plaisir à son niveau le plus élevé. Tu penses ! C'est la bonne aubaine !
Pourquoi tel ou telle personne ? Il semblerait que ça soit une réactivation d'une émotion venant de l'enfance (relation porteuse de plaisir mais pas forcément d'harmonie : père, mère le plus souvent...). C'est pour ça qu'on peut tomber amoureux(se ) de gros connards ou de sales connes. C'est pas de ma faute monsieur le juge, elle sent comme ma mère ! C'est les phéromones qui m'ont trompé. Après quelques séjours à l'hôpital dans les cas extrêmes, on commence à se poser des questions quand même : m'aime-t'il vraiment quand il m'envoie valser contre le mur ? L'aime-je à sa juste valeur ? Alors ensuite, on se méfie des phéromones. On se bricole une alarme maison. Alerte, alerte !! Phéromones en vue à 12 heures. Bonjour, tu aimes la boxe ? Oui. Au-revoir.
Après, ça devient plus difficile de tomber amoureux, parce que le coup de la survie de l'espèce, on l'a bien compris. On s'est déjà fait baiser deux ou trois fois. Donc : questionnaire, batteries d'épreuves, expérimentation, vérification et période d'essai. Aller jusqu'à la période d'essai tient du prodige ! Mais parfois, et c'est le plus marrant, on se refait baiser, alors qu'on savait, on était prévenu, on avait pris toutes les précautions. Mais c'est pas vrai ! Plus con(ne), on peut pas faire ! C'est ça l'amour !
Bien sûr, il ya a les warriors. Ceux qui passent de la phényléthylamine (PEA) et de la dopamine à l'ocytocyne (l'hormone de l'attachement durable). Ceux-là, bravo ! Ils ont tout gagné. Bon, ils sont rares. Mais ça vaut le coup d'essayer.
Bonne fête à tous les amoureux et profitez-en !

Petite bibliographie :
Petite philosophie de l'amour. Alain de Botton.
Qui sont ces couples heureux ? Yvon Dallaire
Pour les hormones, tout est bien expliqué en tapant chimie de l'amour sur google.

Nous sommes tous un peu éboueurs

Bon, bon, bon, je reviens sur le principe de l'écriture de ce blog. Je ne voudrais pas qu'il y ait de malentendu entre nous. Je suis gêné d'offrir en pâture des exercices d'écriture aussi inachevés. Comme dit abs, avoir cette prétention de parler de choses qu'on ne connait pas. Jouer au journaliste, au sociologue sans en avoir le début du commencement de la compétence. C'est vrai, plus que vrai. Ici, c'est ma poubelle. Et quand vous me lisez, vous faites les poubelles. Je ne suis pas obligé d'écrire ici. Si je le fais, c'est pour me débarrasser. Je connais le piège de vouloir me faire admirer pour ma belle écriture. D'essayer de vous faire vous pâmer : ouah, comment ils assemble les mots, lui ! Pour que je fasse cet effort, il faudrait me payer ! Je n'ai pas envie de faire d'effort. Je jette mes détritus et c'est tout. Si vous avez envie de faire mes poubelles, ce n'est pas mon problème. Si vous espérez y trouver des objets tout neufs et tout beaux, peine perdue ! Je ne veux pas faire bien. Ou j'arrête. Cet endroit ne doit pas me rendre dépendant. Je ne veux pas me shooter à vos visites. Je fais les poubelles des autres pareil. Si un jour, je décide de faire un beau blog, je connaîtrai l'angoisse de la page blanche, le : "mais qu'est-ce qu'il vont penser de moi ?" "est-ce qu'ils vont m'aimer ?" Là, pour être honnête, je ne m'en fous pas, mais je refuse que ça prenne de l'importance. Je veux rester libre de cracher par terre et de crabouiller les murs. C'est ouvert aux 4 vents. A vos risques et périls. Alors soyez déçus, choqués, navrés, tant pis !
Et mon paradoxe est là. J'ai quand même besoin que vous me lisiez pour faire cette exercice de purge. Encore une fois je me sers de vous pour cet exercice peu râgoutant. Ce n'est pas joli-joli, je vous l'accorde. Mais, aujourd'hui, j'en vois une forme de nécessité. Cracher me fait du bien.
Par avance, pardonnez-moi. Mais vous pouvez toujours vous abstenir de venir ici !
Bonne journée quand même !

vendredi 13 février 2009

Mon mur et moi

T'es face au mur !
Il est là le salaud, il te regarde et il te dit : t'aimerais bien passer, enculé ?
Ouais, j'aimerais bien passer. Et le mur se marre.
J'vais t'défoncer à coups de barre. Il se marre again. Un mur qui se gondole, c'est juste insupportable.
Qu'est-ce que je t'ai fait, tu lui dis ? Rien.
Alors ?
Tu crois peut-être que t'es tout seul face au mur ? Là, tu tournes la tête et tu vois les autres, tous les autres, qui parlent à leur mur. Ils te voient pas. Normal, ils sont trop occupés à négocier. Y'en a qui font mine de partir, du style je m'en fous. Et tout à coup ils se retournent et foncent dans leur mur pour le faire tomber. Et le mur rigole en général. Y'en a d'autres qui cherchent à l'amadouer : vas-y, quoi, laisse-moi avancer ! Retire-toi que je vois la lumière, juste deux secondes, allez sois sympa quoi ! Mais le mur il reste de marbre.
Certains se sont assis, ils ont compris.
Même ils essaient de le dire à ceux qui veulent bien les écouter : eh, c'est un mur, t'es en train de parler à un mur là !
Y'a aussi ceux qui renoncent jamais, qui ont amené du matériel d'escalade. Ils entament l'ascenscion et chaque fois qu'ils se rapprochent du bord, le mur se met à grandir ; mais ils se découragent pas, ils continuent à grimper.
Moi, en attendant que mon mur se lasse, qu'il s'effondre, qu'il retourne au pays des murs, je vais prendre mes couleurs et y peindre toute ma colère, toutes mes angoisses, toutes mes peurs, toutes mes tristesses. Comme ça j'aurais un beau mur bariolé. Mon mur.

mercredi 11 février 2009

Sous la cendre

- salut mon gars !
- salut.
- tu me reconnais ?
- ouaip.
- tu sais de quoi je vais te parler alors ?
- ouaip !
- et alors ?
- alors je t'emmerde !
- t'aimes bien te lamenter ces temps-ci, non ?
- je t'emmerde j't'ai dit.
- t'aimes bien te plaindre, trouver que la vie est dure avec toi, pauvre chéri !
ça te donne des bonnes excuses pour ne rien faire hein ?
- et alors ?
- "15 ans", t'aimes bien dire ça hein ? "ça fait 15 ans que je m'échine pour rien !" t'es bien en train de la fabriquer ta légende ? Avec de la mauvaise foi affichée que c'en est honteux ! Tu aimes lécher tes fausses plaies. C'est un joli personnage à trimballer devant les gens qui disent : mon pauvre, mais ça doit être terrible !
- c'est pourtant vrai ! C'est pas drôle tous les matins.
- et alors ? tu fais quoi. Tu t'assois sur le trottoir fatigué comme dans la chanson de Souchon, tu te fous en l'air, tu fais quoi ? Se complaire dans sa souffrance, ce n'est pas joli, joli ; ce n'est pas très glorieux.Ou bien alors, c'est que tu dois aimer voir cet air gêné et ce malaise chez ton interlocuteur, quand tu lui racontes que c'est trop dur.
- et si je ne trouve pas l'énergie ? Si le ressort était cassé...
- pauvre chéri. dis-moi, tu es handicapé physique ? tu es malade ? tu as perdu un proche ? Ou un proche est malade ? tu ne manges pas à ta faim peut-être ? tu es obligé de faire un travail harrassant, aliénant ?
- Non. Mais je sais tout ça.
- ça vaut peut-être le coup que je te le rappelle, qu'est-ce que tu en penses ?
- pourquoi je recommencerais ? A quoi bon ? A quoi bon me battre sans cesse ?
- parce que tu aimes ça.
- pour quoi ?
- pour le plaisir bonhomme. Pour le plaisir de faire. Pour le plaisir de fabriquer. Tout ça est gratuit, tu comprends.
- Pour personne alors ?
- ce n'est pas vrai ! Et quand bien même il n'y aurait qu'un regard, qu'une oreille, fais-le pour ce regard unique, pour cette oreille unique.
- je voulais plus.
- ça ne sert qu'à alimenter ta vanité ! Tu es vaniteux.
- oui.
- Prends ta vanité, mets-lui un flingue sur la tempe et tue-la. N'attends rien !! Fais. Avec passion, comme tu sais si bien le faire. Je te connais. Je sais combien tu es beau quand tu es pris dans ce tourbillon. Tu rayonnes et tu voles mon gars. Je le sais bien, je te regarde.
- C'est vrai.
- N'écoute pas les voix de l'extérieur ! N'entends pas la rumeur qui gronde. Ceux qui prétendent qu'il faudrait réussir pour réussir ou être adulé ou gagner de l'argent. Sois dans l'ici et maintenant de ce que tu fais. C'est la seule, l'unique, la belle vérité de la Vie. Tu le sais de toute éternité.
- oui.
- alors tu vas t'y mettre ? tu vas me secouer cette grande carcasse toute endormie que c'en est une pitié et te remettre à l'ouvrage ?
- je crois. Je vais essayer.
- tu vas le faire oui, sinon, c'est mon pied au cul.
- et je pourrais respirer de nouveau ?
- et tu pourras respirer de nouveau.
- ok. Faut que je réfléchisse...
- Pas trop. Réfléchis pas trop !
- Et...
- oui ?
- merci.
- De rien, mon gars.





mardi 10 février 2009

Responsable, coupable et triste

- Bordel, est-ce que tu avais besoin de l'embrasser ?
- Je me suis laissé entrainer par le moment !
- Mais tu savais ce que tu risquais de provoquer.
- Non. Je n'étais pas sûr.
- Tu l'aimais ?
- À ma manière oui.
- ça ne veut rien dire à ta manière.
- Si ça veut dire exactement ça : je l'aimais mais je n'étais pas amoureux.
- ça n'est pas la première fois que tu fais souffrir une femme.
- C'est vrai.
- Tu ne peux pas résister à l'envie de séduire.
- Non, ça, ce n'est pas vrai. C'est plus compliqué. Je dois répondre au désir de l'autre. M'y fondre. J'ai été conditionné pour ça. Faire plaisir. Ne pas contrarier. M'oublier.
- Au risque que l'autre y croit.
- J'essaie de prévenir. Parfois ça marche.
- Et quand ça ne marche pas, ça fait mal.
- oui, et je le regrette d'autant plus, qu'elle comptait pour moi.
- Tu l'as perdue.
- Vraisemblablement.
- Tu es triste ?
- Oui, je suis triste. C'est une belle personne, comme on en croise peu.
- Alors pourquoi n'es-tu pas tombé amoureux ?
- Mais je n'en sais rien. Si je le savais...c'est une alchimie particulière...qui ne s'est pas produite. ça passe par une émotion irrationnelle. ça n'est pas venu. C'est tout.
- C'est physique ?
- Peut-être. Et pourtant l'émotion physique était là. Je sais, ça paraît complètement n'importe quoi.
- En tout cas, c'est désespérant.
- Oui. J'avais essayé de prévenir...
- Oh arrête avec ça. Un peu de dignité s'il te plaît. Assume la conséquence de tes actes. Tu sentais qu'elle pouvait souffrir ; tu pouvais arrêter la machine tant qu'il était encore temps. Tu ne l'as pas fait, un point c'est tout.
- Je regrette. Je regrette de l'avoir faite souffrir. Mais je ne regrette pas le moment que nous avons passé ensemble. Parce que, vois-tu, je sais, que, même si je n'étais pas dans ce sentiment trompeur d'être amoureux (mélange de réassurance narcissique et d'exaltation), j'étais dans un sentiment sincère d'amour.
- Tu étais amoureux ou tu n'étais pas amoureux ? il faudrait savoir.
- J'aimais comme on aime une personne très chère. Pas dans l'envie de faire couple.
- De l'amitié alors. Tu ne pouvais pas en rester là ?
- Si. C'est ce que j'aurais dû faire. Essayer de donner une chance à ce sentiment-là. Il aurait fallu le marteler bien avant sans doute. Pour autant, je suis heureux quand même d'avoir vécu ce moment qui restera précieux dans mon coeur. Je le sais.
- Qu'est-ce que tu espérais ?
- Que ça se transforme doucement en amitié justement.
- Tu connais aussi peu les femmes ?
- Je suis perdu parfois. Mais je n'ai plus envie de te parler. Je suis triste c'est tout.
- Ok. Que ça te serve de leçon !
- C'est justement la phrase que je ne veux pas entendre. C'est une histoire belle, particulière, unique. Elle se termine ainsi, j'en suis triste. Mais ce n'est certainement pas une histoire parmi tant d'autres. Je ne peux pas réécrire ce qui s'est passé, alors, je suis désolé, c'est tout, désolé et triste.

lundi 9 février 2009

Bien...Alors ?

Je me suis posé la question de l'utilité de ce blog. Evidemment. Comme beaucoup d'entre nous.
J'ai trouvé deux raisons de continuer. Je peux ainsi approfondir mes réflexions. Si je n'avais pas cette contrainte insidieuse de l'attente de quelques lecteurs, je laisserais ces réflexions à l'état embryonnaire. Même si je relativise cette attente. Mais, c'est pas grave. ça fonctionne. Je suis attendu quelque part. ça me donne une raison d'agir. Exactement comme dans "la vie en chair et en os". L'homme étant un animal social, j'y ai trouvé une raison sociale ! Je vais peut-être trouver rapidement la limite de cette réflexion, étant donné que je n'approfondis pas assez et que cette superficialité peut m'agacer très vite. Ou alors, je vais m'efforcer d'approfondir.
La deuxième raison est l'introspection. Réfléchir sur soi-même est une chose. Mais, là, pareil, la pensée est volatile. La coucher sur le papier est une manière de l'organiser, de la regarder avec un peu de recul, de la figer et donc, de se demander si on est vraiment d'accord avec ce qu'on vient d'écrire. C'est un exercice d'honnêteté (on peut en tout cas s'efforcer de l'être). C'est aussi une manière de se débarrasser d'une "pensée poil à gratter". Et, je l'espère, d'évoluer.
Ceci pour vous dire que je me sers de vous. Que vous êtes mon carburant. C'est un échange de bons procédés. Chacun va lire d'autres qui lisent d'autres ou les mêmes qui se font lire, etc...
Un peu comme dans "ma société idéale". Alors, merci de faire exister ce modeste endroit et de me permettre d'essayer d'y voir un peu plus clair.
En fait, vous êtes un peu tous mes psychanalystes. Je vous imagine derrière votre écran faire : hmm, hmm ! Continuez. A quoi pouvez-vous associer ce phénomène ?
Bonne journée à tous !

samedi 7 février 2009

Les Voyageurs à destination du Bonheur sont priés de se rendre sur le quai n°2

Nous sommes encore une société bien peu évoluée pour que même un travail répétitif et faiblement rémunéré soit perçu comme un bien rare qu’on ne veut pas perdre!
Le bonheur, on ne le retrouve pas beaucoup dans les discours des hommes politiques, des syndicalistes, des ministres de l’éducation. Les économistes parlent bien du "moral des ménages", mais cette étrange périphrase ne fait allusion qu’à leur consommation d’objets manufacturés.
Tous les petits livres de sagesse s’efforcent de donner des clés pour être heureux: comment développer les pensées positives, comment épanouir son corps et son âme etc... mais je pense que cela ne suffit pas. Si, objectivement, les conditions professionnelles et matérielles sont trop difficiles, développer des pensées positives ne suffira pas.
Lucie Vivien

"Pour ma part,il y a longtemps que j ai découvert que le "système" - la société de consommation dans laquelle je vis- nous enferme, individuellement, dans une cage qui nous laisse de moins en moins de choix véritables et de vraie liberté. Que les barreaux de la cage soient dorés ne change rien à la réalité de l’aliénation profonde de ses prisonniers"

" Le bonheur est aujourd’hui perçu comme la satisfaction non seulement de tous les besoins, mais également des goûts et même des souhaits. Satisfaction devient saturation . Mais ce gavage n’est pas source d’épanouissement, car le propre de la société de consommation, c’est de proposer constamment de nouveaux biens (ou de nouvelles présentations de l’ancien), de susciter de nouveaux "besoins", d’attiser les convoitises. Il ne faut jamais que les gens soient satisfaits."

Serge Mongeau


Il suffit de taper sur Google : "travail", "Satisfaction au travail"; "le monde du travail aujourd'hui" et c'est comme ouvrir une armoire mal-rangée : ça te tombe sur la gueule :
Stress
Perte de sens
Perte de motivation
Perte de la valeur
Insatisfaction
maladie...
Quand un système ne rend pas heureux les personnes qui le font marcher, il est peut-être temps de remettre en question ce système.
Mais quand le système en question est aux mains des Puissants, Il est clair qu'ils n'ont aucun début d'envie d'en changer parce qu'il leur permet justement d'être les Puissants et que ça les rend priapiques quand ils se regardent dans le miroir (je n'ai pas dit heureux !)
L'histoire de l'homme est cette lutte incessante pour abolir les privilèges.
On s'est rendu compte avec l'exemple concrêt du communisme, que de freiner artificiellement le mouvement individualiste de l'homme ne fonctionnait pas. L'exemple du lopin de terre en URSS est signifiant : Staline concède un ridicule lopin de terre aux paysans, dont la production leur revient entièrement. Avec leur lopin de terre, ils font exploser leur production personnelle (quand dans le même temps, ils produisent 10 fois moins que les USA dans le cadre des coopératives).
On pourrait bien sûr préparer la révolution. C'est fun une révolution ! On peut devenir héros ou martyr ou les deux, ou même mort. On se sent vivre. C'est excitant. On se sent important.
Et une fois la révolution achevée, de nouveaux Puissants surgissent qui affirment ne jamais ô grand jamais ressembler au méchant Puissant qu'on vient de faire tomber.
ça semble inscrit dans les gênes de l'humanité. Il n'y a qu'à voir les enfants, ces anges, ces chérubins, si mignons, si adorables, qui se tapent sur la gueule dans la crèche pour obtenir le jouet de la copine et se débinent en douce, façon :"j'ai rien fait".
En tapant modèle de société heureuse sur Google, je suis tombé sur...rien. Dommage, j'aurais bien fait mes valises.
Il y a une autre solution, qui peut prendre un peu de temps, mais qui serait efficace. Que la folie de l'homme, sa soif du pouvoir, sa soif de posséder l'entraîne dans le Grand Mur. On y a cru avec la crise. A priori, on a donné un grand coup de volant au dernier moment. Mais c'est pas dit qu'en allant à cette vitesse, on ne se prenne pas un nouveau Mur un peu plus loin.
Et là, c'est tout le système qui s'effondre tout seul.
Alors, désolé pour l'individu, mais le mouvement historique, il n'en a rien à branler de l'individu. Tu peux crever la bouche ouverte. Tu t'es juste trouvé au mauvais endroit au mauvais moment.
Je ne vous brosse pas le scénario catastrophe, ça devrait bientôt sortir sur les écrans avec Brad Pitt en employé de banque avec une jolie famille qui se trouve du jour au lendemain sans aucun moyen de subsistance et organise la survie de ceux qui ont tout perdu et rédécouvrent la joie de faire un feu en pleine nature...
Bon, là aussi, comme dans les révolutions, on n'est pas à l'abri de voir Brad Pitt devenir un Puissant (pas dans le film, parce que dans le film, Brad est un type éclairé qui sait ne pas tomber dans le piège de la vanité et NE VEUT PAS RETOMBER DANS LES ERREURS DU PASSÉ). Ouais mais le fils de Brad, il est aussi éclairé que son papa ?
Donc. C'est le bordel ? Non, parce que l'humanité est peut-être quand même en train de bouger. Je veux dire ce qu'on a tous dans la caboche. Je vous entend déjà vous écrier : changer ? mon cul ! Attention, je parle en siècles. C'est une projection à long terme. ça bouge lentement, très lentement, une humanité, ça fait des allers et retours. ça s'arrête, ça réfléchit ; ça se dit : "j'ai peut-être déconné là" ; ça balance une petite bombe nucléaire pour voir et après : "oups désolé, j'ai merdé, là" ; et après comme elle est un peu honteuse l'humanité, elle dit : "bon, on essaie d'arrêter de faire la guerre d'accord ?" ; "et si on se mettait à faire un maximum de profit !", "oh ouais, ça serait cool !"...alors la prochaine étape, ça sera peut-être : "Et si on se mettait tous à chanter, à danser et à faire l'amour" (non, je déconne, ça, c'est pour dans mille ans !)
Alors voilà, moi, je lui fais confiance à l'humanité, d'abord parce qu'elle est pas vraiment suicidaire, elle joue avec l'idée, parfois, elle se rapproche dangereusement de la ligne rouge mais c'est pour se sentir en vie. Elle a quand même bien envie d'être heureuse. Mais, comme chacun de nous, elle est maladroite, elle déconne plus souvent qu'elle ne réussit à choper du bon bonheur qui tient. Elle s'en veut. Elle aimerait bien y arriver mieux. Parfois elle se dit : là, là, j'y suis, j'ai trouvé la bonne recette : les trente glorieuses, le plein emploi, la prospérité...mais elle a oublié que le mieux est l'ennemi du bien. Et que ce mieux vient de l'entraîner dans l'horreur économique. Pauvre humanité !
Alors individuellement, c'est méga frustrant, énervant, agaçant ! On a envie de lui dire : mais non pas là, mais non, mais arrête, tu vas dans le Mur. Mais tu le vois pas le Mur ? Mais elle est conne ou quoi ! Et en plus je suis dedans ! Oh, je veux pas aller dans le Mur moi ! T'entends ? Arrête ! Je veux descendre !
Mais on peut pas descendre...A moins de sauter en marche. Et là tu meurs.
Y'a toujours des fous, des héros, des inconscients, qui essaient de remonter jusqu'à la locomotive et de reprendre les commandes. Pas toujours pour aller dans la bonne direction. N'oublions pas : Le mieux est l'ennemi du bien et l'enfer est pavé de bonnes intentions.
En revanche, y'a un truc qui fait du bien à l'humanité, c'est quand chaque individu fait attention à lui, travaille à se respecter, à s'aimer lui-même, donc, à faire circuler ce truc à la con qu'on appelle l'amour. Même à grande vitesse, même dans des conditions épouvantables, en travaillant chaque jour et modestement à faire circuler ce truc à la con qu'on appelle l'amour et ben...y'a de l'espoir pour l'humanité.
Et je m'arrête là pour le moment parce que j'ai dit assez de conneries ! Et si je me mets à parler d'amour, ça risque de se tranformer en usine à guimauves et je ne veux pas vous offrir ce spectacle affligeant !
Je vous souhaite de vous aimer très fort vous-même, comme vous le méritez !



dimanche 1 février 2009

Il était une fois un potiron, deux potirons, trois potirons ...

Je suis caissière à Franprix, je porte un blouson pour lutter contre le froid parce que je suis en face des portes automatiques. Je ne vous parlerai même pas de mon activité. ça se passe de mots.
Je suis employé à la poste et chaque jour, je répète les mêmes geste et les mêmes choses à des gens impatients et énervés par leur demi-heure de queue.
Je suis employé dans une entreprise x ou y. J'ai fait le tour de mon travail depuis longtemps. Mon intelligence vaut beaucoup mieux que ça et soupire après de nouveaux stimulis. Je dois rendre des comptes à un supérieur hiérarchique, qui malheureusement ne fait pas partie du tout petit pourcentage de personnes qui ont le don de l'autorité éclairée. Je vous passe les détails du conflit latent et usant.
Je suis avocat (pas avocat célèbre), un avocat salarié. Qui vit avec moins de 2 000 euros par mois. J'ai mis un gros gros mouchoir sur mes ambitions et mon idéal de départ.
Le salarié est précaire lorsque son travail lui semble sans intérêt, mal rétribué et faiblement reconnu dans l'entreprise. Mais il l'est aussi lorsque son emploi est incertain et qu'il ne peut ni prévoir son avenir professionnel, ni assurer durablement sa protection sociale. La précarité atteint son stade le plus élevé lorsque le salarié se sent tout à la fois étranger à lui-même, inutile au travail et désespéré face à la menace permanente d'un licenciement. Ce cumul de plus en plus fréquent de désavantages entraîne de nouvelles inégalités sociales et porte atteinte à la dignité des individus. Il est comparable, dans sa forme extrême, au processus de disqualification sociale qui touche les chômeurs et les personnes dépendantes des services d'action sociale. Serge Paugam

Je vais creuser le sujet. Mais mon intuition est que le système qui nous est proposé (imposé ?) atteint ses limites. L'objectif d'un individu, sa programmation naturelle est le bien-être. Nous sommes en vie (ça c'est foutu, nous sommes nés, faut faire avec !), donc nous cherchons à vivre le moins mal possible. Donc nous organisons notre vie pour atteindre ce fameux bien-être. Nous sollicitons (développons) notre intelligence dans ce dessein. Bien évidemment, nous ne sommes pas tous égaux par rapport à cette quête. Suivant l'endroit où nous atterrissons. Mais on a vu des paires de deux battre des full (faut devenir vraiment balèze, j'en conviens !)
Avec tous les éléments qui sont à notre disposition, nous construisons notre vie : satisfaction des besoins naturels d'abord. Nous éprouvons plaisir ou déplaisir. De là, vient l'expérience. ça, ça me plaît. Je veux de nouveau connaître cette sensation. Ou ça ne me plaît pas, je vais essayer d'éviter cette sensation désagréable.
Dans le cadre de l'individu, il n'y a qu'une personne à gérer, c'est "presque" facile.
Dans le cadre du groupe, ça devient rapidement le bordel ! D'où la construction de la société et l'évolution du système qui la régit à travers les siècles. L'objectif reste le même : le bien-être de chacun, en vivant tous ensemble, donc le bien-être du groupe.
De là l'apparition de chefs (ça commence à sourire dans les rangs !) Le groupe délègue son pouvoir aux chefs censés savoir mieux ou avoir les compétences pour penser l'organisation du groupe, toujours dans l'idée du bien-être de chacun. Pour organiser les échanges, l'économie s'est améliorée, perfectionnée, pour finalement faire surgir la notion de profit.
Avant, bien avant, le groupe fonctionnait sur le principe de la répartition des tâches et le bien-être du groupe était à peu près maintenu.
Je m'occupe du potager.
Toi et Roger et Marie vous vous occupez de construire des maisons.
Marcel et Déborah vous allez chasser.
Antoine et Mireille vous chantez.
Elizabeth, Barnabé et Lucien vous construisez un puit.
Etc...
Il n'y a pas de circulation d'argent. Eventuellement, je peux me relever la nuit pour faire un potager clandestin et amasser des potirons que je ne mangerai jamais, mais j'aurais cette forme de jouissance particulière de juste me dire que j'ai plus de potirons que les autres.
Avec les potirons, on sent bien que ça ne marche pas très bien.
Avec l'argent, ça marche très bien en revanche !
La nécessité pour l'économie de devenir plus efficace a donc créé le principe du profit. Ceci est assez bien expliqué ici (beaucoup mieux en tout cas que je ne pourrais le faire moi-même).
http://www.vimeo.com/1711304?pg=embed&sec=1711304
Petite définition rapide glanée sur la Toile :
"il s'agit des revenus additionnels qu'un producteur réussit à obtenir après avoir compensé pour ses coûts de production. Mais on ne comprend pas trop à quoi cela sert, à part enrichir un capitaliste.
Pour les socialistes, le profit est ni plus ni moins qu'un vol, le résultat de l'exploitation des travailleurs et des consommateurs par les capitalistes, une « plus-value », pour employer le langage marxiste, soutirée de façon illégitime lors d'un échange inégal.
Même des gens qui appuient en théorie le système capitaliste
trouvent difficile de le défendre. C'est peut-être quelque chose
de nécessaire, mais il ne faut pas exagérer et trop en faire.
Cela signale qu'on n'a sans doute pas suivi les règles du jeu,
qu'on s'enrichit aux dépens des autres. Ce n'est sûrement pas
un hasard si le mot « profiteur » n'a rien de positif.



Donc, tout le monde l'a bien compris, le principe du Profit est
devenu un principe attirant, très attirant même, et ce, pour
chacun d'entre nous.La société devenant marchande,
chacun a eu la possibilité de dégager plus ou moins de profits.
Etant très courageux et très avide, je me suis mis à produire
énormément de potirons, dormant très peu, faisant très peu
l'amour à ma femme et oubliant complètement que j'avais
contribué à mettre au monde 3 (4 ?) enfants. En revanche,
j'ai parcouru la région pour persuader chacun de la nécessité
de manger des potirons, davantage, que c'était la seule
nourriture vraiment équilibrée, que ça faisait une peau
de pêche et des fesses de bébé. Tout le monde s'est mis
à m'acheter des potirons et je me suis enrichi. Cooool !
J'avais plein d'argent. Je me suis acheté une deuxième
maison, puis une troisième maison. J'ai dit à mes enfants :
soyez heureux, j'ai assuré votre avenir ! Et notre passé ?
m'ont-ils répondu. Les enfants sont toujours ingrats.
Bien sûr, je ne pouvais pas produire mes potirons tout seul.
Et tout le monde avait sa maison désormais. Et il n'était
plus question que j'échange mes potirons contre un
quelconque service, parce que j'avais des maisons à
acheter et de l'argent à entasser (pour garantir mon
avenir et celui de mes enfants) ; donc j'ai embauché
des gens de la région. Qui eux devaient bien survivre
pour nourrir leurs enfants. Donc ils étaient bien contents
que je les paie. Et même si le travail était dur et pas drôle,
ils n'avaient pas le choix.
Le chef du village qui avait en charge le bien-être du groupe
s'aperçut bien que beaucoup de villageois s'étaient arrêtés de chanter.
Qu'on ne dansait plus comme avant.
Alors il vint me voir et me dit : on ne pourait pas revenir
comme avant. Comme il avait une petite maison, je lui dis
que je lui donnais une de mes grandes maison en plus.
Comme ça, il pourrait donner la petite à son fils.
Et comme il aimait beaucoup son fils, il oublia cette idée.
Et pour le bien-être des villageois, il construisit une boîte.
Il mit plein d'images dedans et il l'appela "télé".

Aujourd'hui la logique du Profit a pris des proportions
considérables. Tout le monde le sent.
Avec la crise économique, c'est même devenu un urticaire
(désagréable mais on vit avec...pour l'instant).
L'idée de bien-être s'est faite absorber par la nécessité du Profit.
Donc, chaque individu sent confusément
qu'il est instrumentalisé à cette fin. Dans cette course,
chacun va essayer de tirer son épingle du jeu. Les bien-nés,
s'il ne font pas de conneries, sont plutôt bien partis
sur la ligne de départ. Les courageux, les pugnaces,
les ambitieux, les déterminés, les revanchards sont
aussi pas mal lotis. Les idéalistes, les altruistes,
les rêveurs vont servir à enseigner ou à panser ou
à chercher des nouveaux moyens de production ou
à divertir. Les premiers vont s'enrichir et penseront
être les gagnants. Les autres vont se faire une raison
(sachant au fond de même que ce n'est pas le système
auquel ils aspiraient).
Les derniers, ceux qui n'ont ni la naissance, ni le courage,
ni l'ambition, ni le talent, ni l'empathie
(ou pas en quantité suffisante, puisqu'il faut jouer des coudes),
ceux-là vont servir à faire fonctionner la Machine à Profit.
Ceux-là (en nombre) sont les grands perdants et
leur voix (quand ils parlent) n'est pas beaucoup entendue.
Et les chefs ? Les chefs sont là pour rassurer
le groupe par les paroles.
Eux-mêmes ne croient plus à leurs discours
mais ils y ont cru un jour et ils se disent que
la vérité est trop cruelle, trop triste, trop désespérante,
alors ils distillent l'espoir. Ils promettent que
demain sera meilleur. Qu'ils faut faire des efforts.
Que le Bien-être n'est pas loin, qu'il faut leur laisser du temps...

J'aimerais bien imaginer comment revenir au temps
où on ne produisait que le nombre de potirons dont
le groupe avait besoin et pas davantage.
J'espère qu'au moins nos enfants y parviendront.

Très belle journée à vous !